« Une surconsommation et un surdéveloppement vampiriques, une exploitation non durable des ressources en eau, la pollution et le réchauffement climatique incontrôlé sont en train d’épuiser, goutte après goutte, cette source de vie de l’humanité » a déclaré le secrétaire général de l’ONU, António Guterres dans l’avant-propos du rapport établi par l’ONU-Eau (plateforme qui coordonne le travail des Nations Unies en matière d’eau et d’assainissement, ndlr) et l’Unesco.
Ces facteurs font peser le « risque imminent d’une crise mondiale de l’eau », met en garde le rapport, qui souligne, en outre, que « quelque deux milliards de personnes sont privées d’accès à l’eau potable et 3,6 milliards n’ont pas accès à des services d’assainissement gérés de façon sûre ».
Environ 10% de la population mondiale vivent dans un pays où le stress hydrique atteint un niveau élevé ou critique, indique le rapport.
Selon l’auteur principal du rapport, Richard Connor, « Si rien n’est fait, entre 40 et 50% de la population continuera à ne pas avoir accès à des services d’assainissement et environ 20-25% à de l’eau potable ».
Cette situation soulève également la question des inégalités. « Où que vous soyez, si vous êtes assez riches, vous arriverez à avoir de l’eau, plus vous êtes pauvres, plus vous êtes vulnérables à ces crises », a observé Connor.
Un autre rapport, celui du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, publié lundi, indique que « près de la moitié de la population mondiale est en proie à de graves pénuries d’eau pendant au moins une partie de l’année ».
Pour pallier ce problème et tenter de garantir d’ici 2030 l’accès pour tous à l’eau potable, près de 6500 participants, dont une centaine de ministres et une douzaine de chefs d’Etat et de Gouvernement se réunissent, du 22 au 24 mars à New York, dans le cadre de la conférence des Nations Unies sur l’eau, inédite depuis 1977.
Les engagements qui seront pris à l’issue de la conférence des Nations Unies sur l’eau 2023 -qui coïncide avec la Journée mondiale de l’eau (célébrée le 22 mars de chaque année, ndlr)- seront inscrits dans le Programme d’action pour l’eau.
Le manque d’eau n’est pas l’unique problème. Il y a également la contamination de l’eau disponible, pour cause d’absence ou de carences des systèmes d’assainissement.
Au moins deux milliards de personnes consomment de l’eau contaminée par des excréments, ce qui les expose au choléra, la dysenterie, la typhoïde et la polio, ou de l’eau polluée par les produits pharmaceutiques, chimiques, pesticides, microplastiques ou nanomatériaux, selon l’ONU-Eau.
Pour assurer l’accès de tous à l’eau potable d’ici 2030, il faudrait multiplier les niveaux d’investissement actuels par trois au moins, estime la plateforme ONU-Eau.
En 2015, la communauté internationale s’est engagée à atteindre l’objectif de développement durable (ODD) n° 6 dans le cadre du Programme 2030, à savoir que chacun ait accès à l’eau et à des services d’assainissement hygiéniques d’ici 2030.