Les affrontements violents survenus à Sainte-Soline dans le centre-ouest de la France entre les opposants aux méga-bassines et les forces de l’ordre ont remis sur la table le débat sur la gestion de l’eau. Les partisans et les opposants à ces réservoirs d’eau se défendent avec des arguments divergents sur leur impact environnemental et leur efficacité pour l’irrigation des cultures.
Sainte-Soline, théâtre de violents affrontements
Samedi dernier, des violents affrontements ont éclaté entre des manifestants et les forces de l’ordre autour d’une réserve d’eau controversée en construction à Sainte-Soline. Des milliers de personnes se sont rassemblées malgré l’interdiction de la manifestation, et au moins 6 000 personnes selon la préfecture, et jusqu’à 30 000 selon les organisateurs, se sont dirigées vers le site en chantier pour « stopper » la construction de ces réservoirs d’eau destinés à l’agriculture.
Le pronostic vital de l’un des sept manifestants blessés pris en charge par les secours est engagé, tandis que 28 gendarmes ont été blessés, dont deux hospitalisés en urgence absolue, selon un dernier bilan du parquet local. Les autorités ont déclaré qu’au moins un millier d’activistes violents, dont certains venus de l’étranger, étaient présents et « prêts à en découdre avec les forces de l’ordre ».
Une méga-bassine, c’est quoi?
Les réservoirs d’eau, également appelés méga-bassines, sont des installations creusées dans le sol qui ressemblent à d’immenses piscines pouvant atteindre une taille d’environ 10 hectares, ce qui équivaut à 10 terrains de football.
Leur principe n’est pas seulement de collecter l’eau de pluie, mais de pomper l’eau de la nappe phréatique en hiver, lorsqu’elle est à son niveau le plus élevé, pour irriguer les cultures en été lorsque les précipitations sont rares.
Agriculteurs VS écolos
Les partisans du projet soutiennent que le pompage d’eau pendant l’hiver pourrait aider à protéger les nappes phréatiques et les cours d’eau pendant l’été.
Alors que la France fait face à l’une des périodes les plus sèches de son histoire, les agriculteurs considèrent que les grands bassins d’eau sont leur « assurance vie » en cas de sécheresse estivale pour garantir la production agricole.
Le stockage d’eau paraît comme une solution évidente contre les sécheresses. Mais cette solution n’est pas la bonne pour affronter la sécheresse, et risque même d’en aggraver les effets, estiment les opposants aux méga-bassines.
Pour ceux-ci, ces projets sont source de gaspillage: les pertes liées à l’évaporation dans ce type d’ouvrages se situeraient entre 20% et 60%, selon Christian Amblard, directeur de recherche honoraire au CNRS et spécialiste de l’eau et des systèmes hydrobiologiques.
D’autres critiques se tournent vers les systèmes de pompage des sols, qui assécheraient encore plus ces derniers, déjà impactés par le réchauffement climatique.
Si selon Greenpeace, les méga-bassines ont aussi un impact sur le milieu naturel, la biodiversité et la qualité de l’eau, les opposants déplorent aussi que les agriculteurs continuent à consommer de grandes quantités d’eau via ces méga-bassines, alors que celle-ci devient une ressource vitale en danger.
L’association appelle à un changement de modèle agricole industriel pour s’orienter vers une agriculture qui consomme moins d’eau. Certains opposants estiment que ces réservoirs d’eau favorisent les grandes exploitations agricoles au détriment de l’environnement et des petites exploitations.