“La guerre russe contre l’Ukraine a provoqué tellement de douleur inimaginable à tant de gens innocents », a déclaré le souverain britannique, premier monarque à s’exprimer dans l’enceinte du Bundestag.
Elle constitue une « menace » sur la sécurité de l’Europe et « nos valeurs démocratiques », a-t-il ajouté dans cette intervention d’environ une demi-heure tenue majoritairement en allemand et qui s’est terminée par une standing ovation.
Le roi a loué en particulier les livraisons d’armes lourdes à l’Ukraine par l’Allemagne, un pays profondément pacifiste depuis les horreurs du nazisme et qui a longtemps hésité à faire ce pas.
Ce discours fut un des points forts de la visite de trois jours de Charles III, accompagné de la reine consort Camilla pour son premier déplacement à l’étranger en tant que roi.
Sa venue est placée sous le signe des liens d’amitié entre les deux pays et constitue un geste européen important après la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne
Réfugiés ukrainiens
Dans le sillage de son discours au Bundestag, il s’est rendu à l’ancien aéroport de Tegel, dans l’ouest de la capitale, pour rencontrer des réfugiés ukrainiens qui y sont provisoirement hébergés.
Auparavant, le roi Charles III s’est entretenu avec le chancelier allemand Olaf Scholz, puis la maire de la capitale, Franziska Giffey.
Le couple royal a aussi pris le temps de s’accorder un bain de foule sur un marché berlinois avec ses nombreux stands de nourritures organiques.
Ils ont serré beaucoup de mains, distribuant des « wie geht’s ? » ou « how are you ? » à la ronde (comme ça va?), échangeant avec bonne humeur quelques mots avec les commerçants ou le public, s’arrêtant pour acheter du miel ou du fromage.
Plus tard dans la journée, le roi doit s’entretenir avec un bataillon germano-britannique et se déplacer dans un « écovillage » à Brodowin, à quelque 60 km de Berlin.
Le séjour porte largement l’empreinte du thème de l’écologie, dont Charles, 74 ans, s’est fait le chantre outre-Manche depuis des années.
Ce n’est pas la première fois que Charles se retrouve au pupitre de la chambre basse allemande.
Il s’y était déjà exprimé en novembre 2020, devant un auditoire clairsemé en raison des mesures de distanciation liées à la pandémie de Covid. Mais à l’époque, il n’était encore que prince héritier.
Il s’était adressé aux législateurs allemands à l’occasion du jour du Souvenir, dans un geste hautement symbolique marquant la réconciliation d’après-guerre entre les deux pays.
Son intervention jeudi au parlement n’a toutefois pas fait l’unanimité. « Je trouve absurde de laisser parler un roi au Bundestag », a critiqué le vice-président du petit parti d’opposition de la gauche radicale Die Linke, Ates Gürpinar, dans le journal régional Augsburger Allgemeine.
« Nouveau chapitre »
Mercredi, Charles et Camilla avaient été accueillis à la porte de Brandebourg par des centaines d’Allemands transis à l’idée d’apercevoir le couple royal.
La célèbre avenue Unter den Linden était pavoisée du drapeau britannique, entouré des étendards allemand et européen.
Le chef de l’Etat allemand Frank-Walter Steinmeier a salué mercredi la visite du souverain britannique comme un « signe important de la relation germano-britannique », affirmant que les deux pays ouvraient « un nouveau chapitre ».
Il a rappelé que cette visite intervenait six ans après la date à laquelle le Royaume-Uni avait entamé son processus de sortie de l’Union européenne.
Vendredi, Charles III se rendra dans la ville portuaire de Hambourg. Il y visitera un projet d’énergie renouvelable, lors de la dernière journée de son voyage.