Le président américain, qui d’ordinaire insiste plutôt sur son ascendance irlandaise du côté de sa mère, a débuté son discours à l’université de Belfast par une rare mention de ses racines … britanniques, du côté paternel.

Joe Biden est venu célébrer les accords de paix signés le 10 avril 1998, mais la commémoration bute sur une réalité politique bien plus difficile dans la province britannique.

Les institutions locales créées il y 25 ans, au sein desquelles les unionistes majoritairement protestants, fidèles à Londres, partagent le pouvoir avec les républicains majoritairement catholiques, partisans d’un rattachement à la République d’Irlande, sont en effet bloquées.

« Leçon »

Joe Biden a rappelé qu’il y a trois décennies, un bâtiment tel que celui de l’université, tout de verre et d’acier, aurait été impensable, dans une ville de Belfast parcourue de barbelés, secouée par les explosions et les affrontements meurtriers – 3.500 morts au total pour toute la période dite des « Troubles. »

« La leçon des accords +du Vendredi Saint+ est que c’est lorsque les choses semblent les plus fragiles (…) qu’il y a le plus besoin d’espoir et d’efforts », a-t-il déclaré, vantant le potentiel économique de l’Irlande du Nord, province en difficulté dans laquelle Washington promet d’investir.

« J’espère que l’assemblée et le gouvernement (locaux) seront bientôt restaurés », a-t-il dit tout en prenant soin de souligner que la décision finale revenait aux dirigeants politiques locaux.

Joe Biden avait auparavant rencontré les leaders des cinq principaux partis politiques d’Irlande du nord – dont le DUP, parti unioniste qui ne cache pas sa défiance face à ce président catholique et si fier de ses racines irlandaises.

Paralysie politique

Depuis plus d’un an, le DUP refuse de participer aux institutions nord-irlandaises en raison du statut particulier hérité du Brexit.

Les unionistes restent inflexibles malgré la conclusion récente d’un accord entre la Commission européenne et Londres à propos de la question, délicate entre toutes, de la frontière physique avec l’Irlande du Nord.

Joe Biden a une nouvelle fois manifesté mercredi son soutien à cet accord, le « cadre de Windsor »: « Je pense que la stabilité et la visibilité qu’offre ce cadre va encourager les investissements » en Irlande du Nord.

Il a aussi rencontré brièvement le Premier ministre britannique Rishi Sunak, qui a affirmé que la relation bilatérale était « très bonne ».

Cela, même si le passage éclair de Joe Biden au Royaume-Uni, et la très brève entrevue avec le chef du gouvernement britannique, ont pu donner à Londres l’impression que le président américain assurait un service minimum.

Emigration

Le passage en Irlande du Nord représente la partie la plus délicate d’un voyage qui, pour le reste, s’apparente surtout à un pèlerinage de Joe Biden sur les traces de ses ancêtres.

Le démocrate, qui répète souvent porter l’Irlande « dans son âme », passera dès mercredi la frontière avec la République d’Irlande, où il restera jusqu’à vendredi.

Il fera jeudi une étape institutionnelle à Dublin, puis une autre visite à caractère personnel, vendredi dans le comté de Mayo, à l’ouest.

Dès mercredi, Joe Biden doit se rendre dans le compté de Louth, autre berceau familial. Il aura l’occasion de contempler, du haut d’un château, le port d’où l’un de ses ancêtres est parti pour l’Amérique au XIXème siècle, fuyant comme beaucoup d’Irlandais un pays ravagé par la famine.

A Dublin, il marchera sur les pas de John F. Kennedy, qui s’était adressé en ces termes au parlement irlandais, en 1963: « C’est ce trait de caractère des Irlandais, cette alliance remarquable d’espoir, de confiance et d’imagination, dont nous avons besoin aujourd’hui plus que jamais. »

AFP