« Nous appelons unitairement nos organisations à aller rencontrer les députés partout pour les appeler à voter cette proposition de loi. Dans ce cadre, l’intersyndicale appelle à multiplier les initiatives avec notamment une nouvelle journée d’action commune, de grèves et de manifestations le 6 juin », écrivent les syndicats dans un communiqué.
Cette proposition de loi déposée par un petit groupe centriste « permettra pour la première fois à la représentation nationale de se prononcer par un vote sur la réforme des retraites », soulignent-ils.
La décision du gouvernement français de recourir mi-mars à l’article 49-3 de la Constitution –qui permet d’adopter un texte sans vote au Parlement– pour faire passer cette réforme controversée a entraîné un durcissement de la contestation.
L’essentiel de la réforme a ensuite été validée par le Conseil constitutionnel, et le texte a été promulgué.
La colère se cristallise sur le report de 62 à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite, mesure phare que syndicats et manifestants jugent « injuste », en particulier pour les femmes et ceux qui exercent des métiers pénibles.
Un éventuel vote favorable de la proposition de loi le 8 juin ne serait que le début d’un parcours parlementaire, mais constituerait une claque pour l’exécutif français.
« Il y a forcément un risque parce que nous sommes dans une majorité relative », a reconnu lundi soir le ministre du Travail, Olivier Dussopt.
Les manifestations du 1er mai ont rassemblé en France près de 800.000 personnes selon la police, 2,3 millions selon le syndicat CGT.
Si elle était loin des niveaux record de fin janvier –près de 1,3 million de manifestants selon le ministère de l’Intérieur–, la mobilisation est restée forte après 12 journées de défilés, et bien au-delà d’un 1er mai classique.
« Pas de retour à la normale »
Les défilés ont été marqués par des heurts parfois violents dans plusieurs villes dont Paris, Nantes (ouest) et Lyon (est).
Au total, 540 personnes ont été interpellées en France, et 406 policiers et gendarmes blessés, selon le ministre de l’Intérieur.
« Les images que nous avons vues, notamment celles d’un policier brûlé par un cocktail molotov (à Paris, NDLR) sont insupportables et illustrent qu’un nouveau palier a été franchi dans la violence », a dénoncé mardi la Première ministre Élisabeth Borne.
« La défiance est profonde et le dialogue ne pourra être rétabli que si le gouvernement prouve sa volonté de prendre enfin en compte les propositions des organisations syndicales », a souligné l’intersyndicale, qui prend note du fait que « le gouvernement a annoncé l’ouverture d’un cycle de concertations sans que l’objet ni le cadre ne soient précisément fixés ».
De son côté, la cheffe de file des députés de la gauche radicale, Mathilde Panot, a martelé qu’il n’y aurait « pas de retour à la normale » dans le pays tant que la réforme des retraites serait maintenue.
« Je ressens de la colère, de la révolte même contre le mépris de ce gouvernement », a déclaré lundi à Strasbourg (est) à l’AFP Lucie Acker, 42 ans, cadre en collectivité territoriale. « Je suis vraiment écoeurée par l’entrée en vigueur de la réforme des retraites ».
« Manifestations: Mai après? », titrait mardi le quotidien de gauche Libération, notant que « la colère ne faiblit pas ». « Les jours d’après », affirmait pour sa part le journal de droite Le Figaro: « Parlement bloqué, opinion à vif, corps intermédiaires rétifs… Les cortèges auront beau s’étioler avec l’été, l’adversité s’est installée ».
La France est l’un des pays européens où l’âge de départ à la retraite est le plus bas, mais les systèmes sont très différents. L’exécutif a justifié son projet par la nécessité de répondre à la dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population.