Chaque année, le 11 juillet, les victimes du génocide nouvellement identifiées sont enterrées dans un cimetière commémoratif à Potocari, dans l’est de la Bosnie avec des milliers de visiteurs de différents pays qui assistent à la cérémonie. Le centre commémoratif est le point central du souvenir pour les proches des victimes, assassinés par les milices serbes de Bosnie.
Après les funérailles de cette année, le nombre de sépultures dans le cimetière est passé à 6 751.
Réactions internationales
Le premier ministre monténégrin, Dritan Abazovic, la ministre turque de la famille et des services sociaux, Mahinur Ozdemir Goktas, et de nombreux responsables politiques locaux ont assisté à la cérémonie.
« Le génocide ne doit jamais être nié. La vérité vous libère, et je crois que lorsque nous accepterons tous la vérité, la région prendra vraiment un chemin différent, celui de la réconciliation et du progrès », a déclaré M. Abazovic.
Qualifiant le génocide de Srebrenica de “tache noire dans l’histoire de l’humanité”, le président turc Recep Tayyip Erdogan a présenté ses “sincères condoléances aux familles endeuillées et à tous ses frères bosniaques”. “Nous n’oublierons jamais Srebrenica” a-t-il écrit sur Twitter.
Le président du Monténégro, Jakov Milatovic, a déclaré de son côté dans un message vidéo que le génocide de Srebrenica était la plus grande tragédie humaine en Europe après la Seconde Guerre mondiale.
« Nous ne devons jamais oublier ce qui s’est passé à Srebrenica » : « Nous ne devons jamais oublier ce qui s’est passé à Srebrenica » a lancé la ministre bulgare des Affaires étrangères, Mariya Gabriel.
Le premier ministre du Kosovo, Albin Kurti, a déclaré sur les réseaux sociaux « C’est un jour où nous nous souvenons du meurtre de 8 372 innocents et d’innombrables crimes de viol et de torture. C’est aussi un rappel que la vérité n’est pas honorée mais niée par la Serbie, ce qui est en soi un crime inhumain », a déploré M. Kurti.
Commémorations
Diverses cérémonies ont été organisées pour commémorer le génocide dans la capitale Sarajevo et dans d’autres villes de la région.
Sur le pont historique de Mostar, une ville multiconfessionnelle emblématique, les personnes se sont rassemblées pour sauter sans applaudissements du pont d’environ 20 mètres de haut.
Les participants ont également jeté des lys blancs dans la rivière Neretva, symbolisant l’innocence des victimes du génocide.
Le Conseil national bosniaque a de son côté distribué des fleurs de Srebrenica dans la ville de Novi Pazar en souvenir des victimes. La fleur porte un message : le blanc signifie l’innocence, le vert l’espoir et les 11 pétales représentent le 11 juillet 1995.
Zagreb, la capitale de la Croatie, a d’ailleurs organisé une projection lumineuse de la fleur emblématique de Srebrenica.
Une cérémonie a également eu lieu dans la capitale turque, Ankara. L’ambassadeur de Bosnie-Herzégovine à Ankara, Adis Alagic, le maire de Keçiören, Turgut Altınok, des membres du conseil municipal et des citoyens ont assisté au « Programme de commémoration du massacre de Srebrenica » qui s’est tenu dans le parc Aliya İzzetbegovic à Ankara. Après les hymnes nationaux, le programme de commémoration s’est poursuivi avec une minute de silence et la récitation de versets du Saint Coran.
Une marche pour la paix
Pendant ce temps, des milliers de personnes ont participé à Mars Mira, une marche annuelle pour la paix.
Des milliers de personnes du monde entier viennent chaque année dans cette ville bosniaque et suivent le même chemin forestier que celui emprunté par les Bosniaques lorsqu’ils fuyaient le génocide.
La commémoration dure trois jours et se termine par l’arrivée des participants à Potocari.
Génocide de Srebrenica
Plus de 8 000 bosniaques ont été tués lorsque les forces serbes bosniaques ont attaqué la ville de Srebrenica en juillet 1995, malgré la présence de troupes néerlandaises de maintien de la paix.
Les forces serbes tentaient d’arracher des territoires aux Musulmans bosniaques et aux Croates pour former un État.
Les troupes dirigées par le général Ratko Mladic, qui a par la suite été reconnu coupable de génocide, ont envahi Srebrenica qui avait été déclaré au printemps 1993 « zone de sécurité » par le Conseil de sécurité des Nations unies.
Les troupes néerlandaises n’ont pas réagi lorsque les forces serbes ont occupé la région, tuant quelque 2 000 hommes et adolescents au cours de la seule journée du 11 juillet.
Environ 15 000 habitants de Srebrenica ont fui vers les montagnes environnantes, mais les troupes serbes les ont traqués et tué 6 000 autres personnes.
Les corps des victimes ont été retrouvés dans 570 endroits à travers le pays.
En 2007, la Cour internationale de justice de La Haye a jugé qu’un génocide avait été commis à Srebrenica.
Le 8 juin 2021, les juges du tribunal des Nations unies ont confirmé, lors d’un procès en seconde instance, le verdict condamnant Mladic à la prison à perpetuité pour génocide, persécution, crimes contre l’humanité, extermination et autres crimes de guerre en Bosnie-Herzégovine.