Après SpaceX et X.AI, Elon Musk a décidé de rebaptiser le réseau social Twitter par un “X”. Le milliardaire, qui dirige depuis neuf mois l’application, a fait un adieu brutal au petit oiseau bleu, présent depuis la création du réseau social en 2006, pour laisser place à un logo X blanc.
Au crépuscule du XXe siècle, naissait chez Elon Musk une fascination pour la vingt-quatrième lettre de l’alphabet. Cette singulière passion trouvait son origine lorsqu’il acquit le précieux nom de domaine X.com (aujourd’hui redirigé vers twitter.com), qu’il envisagea alors de transformer en une banque en ligne.
Pour rappel, le 4 mai 2020, Elon Musk et Grimes ont eu un enfant et l’ont baptisé X Æ A-12. L’heureux papa prétendait alors que le X faisait référence à la variable inconnue.
Au fil des années, le magnat à la tête de Tesla, SpaceX et Starlink évoqua à maintes reprises son rêve de construire une plateforme multifonctionnelle, s’inspirant du modèle de WeChat en Chine. Cette ambitieuse vision engloberait une myriade de services tels que messagerie, réseau social, et services financiers, afin d’offrir un écosystème complet à ses utilisateurs.
Un coup marketing
La lettre « X » revêt une dimension internationale, intemporelle, et quasiment universelle, se présentant comme un symbole omniprésent. Les marques et produits d’Elon Musk l’ont déjà adoptée à leur tour, à l’instar de SpaceX, la Tesla Model X, et plus récemment, X Corp et xAI. L’exploration occupe une place chère dans l’univers d’Elon Musk, et de nombreuses marques ont stylisé le terme en mettant en évidence la lettre « X », souvent perçue comme le symbole de puissance, de révolution et d’une nouvelle ère.
On se souvient notamment d’Apple, qui choisit le « X » pour bien plus que simplement orner le design du nom de la 10ᵉ génération de l’iPhone, qui demeure toujours appelé iPhone X, même aujourd’hui.
Pour lancer son “plan secret”
Lorsqu’un journaliste de Bloomberg interrogea Elon Musk, ce dernier fit savoir qu’il ne se contentait pas de renommer simplement Twitter. En réalité, il s’agissait d’une transformation plus profonde du produit, qui évoluerait pour devenir une super-application similaire à WeChat en Chine.
Avec plus d’un milliard d’utilisateurs actifs mensuels dans le monde, dont deux tiers en Chine, cette plateforme permet non seulement d’échanger avec d’autres personnes par messagerie textuelle, vocale et vidéo, mais aussi de régler des achats (via WeChat Pay).
Quoi de plus adapté qu’un nom aussi universel que la lettre X pour permettre à cette plateforme de se réinventer sans entraves, en changeant de produit, d’image et d’esprit sans aucune limite. Le choix de cette lettre offre une flexibilité absolue, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles possibilités sans aucune restriction.
“Twitter a été acquis par X Corp pour devenir X, l’application universelle. Il ne s’agit pas simplement d’une entreprise qui se renomme, mais d’une entreprise qui ne fera plus la même chose qu’avant. […] Le nom Twitter avait du sens quand il n’y avait que des messages de 140 caractères. […] Maintenant, vous pouvez publier presque n’importe quoi, y compris plusieurs heures de vidéo. Dans les mois à venir, nous ajouterons des communications complètes et la capacité de gérer l’ensemble de votre écosystème financier”, commentait récemment Elon Musk.
Une attaque pour ses concurrents
Chez Elon Musk, c’est devenu presque une tradition nationale : il saisit chaque occasion pour affaiblir ses adversaires en les engageant dans des duels, comme récemment avec Mark Zuckerberg. En tant que milliardaire à la tête de Tesla, SpaceX et Twitter, il aime tenter sa chance dans de tels défis.
En changeant le nom “Twitter” en “X”, il provoque directement 900 marques qui se partagent déjà les droits de propriété intellectuelle liés à cette lettre. Parmi ces marques figurent Meta (la maison mère de Facebook) et Microsoft.
Meta, par exemple, a protégé des logos bleu et blanc comportant la lettre X pour ses logiciels et ses médias sociaux depuis 2019. De son côté, Microsoft détient une marque appelée « X » depuis 2003, destinée aux communications concernant la marque Xbox.
Dans un article de Reuters, le cabinet d’avocats Loeb & Loeb expliquait que « protéger une seule lettre, en particulier une lettre aussi commercialement populaire que X, est une tâche difficile ». Il ajoutait que la protection de Twitter se limitera probablement à des graphismes similaires à son logo X.
Si tel est le cas pour Twitter, il en va de même pour les 900 autres entreprises. Le symbole X est convoité par tous, et donc personne ne peut réellement attaquer qui que ce soit à ce sujet. C’est devenu une arène où chacun tente de s’approprier cette lettre, mais sans pouvoir vraiment en exclure les autres.
Un choix inévitable pour Musk
Elon Musk souhaite que “X” soit largement accessible au public, et pour cette raison, il ne cherche pas à protéger sa propriété intellectuelle. À l’instar des formules mathématiques qui sont essentielles à la connaissance et qui sont universellement utilisées, le X d’Elon Musk aspire à devenir un nom courant, connu de tous et intégré dans la vie quotidienne.
Cette approche est inspirée des memes, ces contenus visuels viraux et partageables qui n’appartiennent à personne et se propagent massivement avec le temps. Grâce à “X” le logo et le nom de l’entreprise d’Elon Musk pourront être copiés-collés partout, simplement en utilisant un raccourci clavier.