AA / Paris / Yemliha Yilmaz
L’alcool et le tabac sont deux substances légales largement consommées dans la société, mais leur impact économique ne se limite pas aux recettes fiscales provenant des taxes qui leur sont appliquées. De récentes études ont mis en lumière le coût social élevé de ces substances pour l’État, dépassant de loin les revenus générés par les taxes.
En effet, c’est ce que ressort de l’étude « LE COÛT SOCIAL DES DROGUES : ESTIMATION EN FRANCE EN 2019 » publiée par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) en date du 31 juillet 2023.
Dans son introduction, l’OFDT précise que « cette note de résultats consacrée au coût social des drogues en France en 2019 prolonge une étude (publiée en 2015) qui portait sur l’année 2010″ et énonce, une fois de plus, que » l’idée que les drogues comme le tabac et l’alcool apporteraient à l’État des bénéfices est donc infondée ».
Ainsi, selon cette étude menée en France, l’alcool et le tabac engendrent un coût social bien supérieur aux recettes fiscales qu’ils génèrent pour l’État. En 2019, le coût social du tabac était estimé à 156 milliards d’euros, tandis que celui de l’alcool atteignait 102 milliards d’euros. Ces chiffres prennent en compte divers facteurs, tels que la valeur des vies humaines perdues, la perte de qualité de vie et les pertes de production dues aux conséquences de la consommation de ces substances.
– Le coût externe en tête
Le coût social de l’alcool, du tabac et des drogues illicites est principalement constitué du coût externe, qui inclut les pertes de vies humaines, la perte de qualité de vie et les pertes de production. Pour l’alcool et le tabac, le coût externe représente respectivement 96% et 99% du coût social global tandis que pour la drogue l’organisme évalue à 68%. Ces chiffres s’expliquent par le nombre élevé de vies perdues chaque année en raison de la consommation de ces substances.
« Cela s’explique par le nombre de vies perdues (respectivement 41 080,73 189, 1 230) et le coût fixé pour une année de vie perdue à 115 000 euros », précise encore le rapport.
– Un impact sur les finances publiques
Le coût social des drogues, bien qu’il concerne principalement le coût externe, a également des répercussions importantes sur les finances publiques. Les dépenses publiques pour la prévention, la répression et les soins liés à l’alcool, au tabac et aux drogues illicites dépassent largement les recettes fiscales provenant des taxes appliquées à ces produits. Chaque année, l’État doit débourser 3,3 milliards d’euros pour l’alcool, 1,7 milliard d’euros pour le tabac et 2 milliards d’euros pour les drogues illicites.
« Le message majeur qui ressort de l’observation des flux de finances publiques est que les finances publiques sont affectées négativement par l’existence des drogues, quelle que soit la drogue considérée », ajoute encore le rapport.
Les résultats de ces études mettent en évidence la nécessité de repenser les politiques publiques en matière de tabac et d’alcool. Bien que les taxes sur ces produits rapportent des revenus à l’État, ils ne suffisent pas à compenser le coût social élevé qu’ils engendrent. Il devient donc crucial de renforcer les efforts de prévention et de prise en charge des consommateurs problématiques pour réduire l’impact financier sur la société.
– Conclusion du rapport
L’alcool et le tabac, deux substances légales de consommation courante, ont un coût social bien plus élevé que les recettes fiscales qu’ils rapportent à l’État. Les études récentes mettent en évidence les pertes humaines, les pertes de qualité de vie et les coûts pour les finances publiques résultant de la consommation de ces substances. Face à ces constatations, il devient primordial pour les décideurs publics de renforcer les politiques de prévention et de prise en charge pour réduire l’impact économique et social de ces produits sur la société.