AA / Ankara / Diyar Guldogan
« Un processus qui exclut la Russie de la question des céréales [de la mer Noire] a peu de chances d’être durable », a déclaré le président de la République de Türkiye, Recep Tayyip Erdogan.
Il s’exprimait dimanche lors d’une conférence de presse organisée à l’issue du sommet du G-20 en Inde.
Les dirigeants du G-20, en l’absence du président russe Vladimir Poutine et du président chinois Xi Jinping, se sont réunis dans la capitale New Delhi pour un sommet de deux jours sur le thème « Une terre, une famille, un avenir ».
En juillet dernier, la Russie a suspendu sa participation à l’accord sur les céréales de la mer Noire, négocié en coordination avec la Türkiye et les Nations unies, afin de reprendre les exportations de céréales à partir de trois ports ukrainiens de la mer Noire, qui avaient été interrompues après la guerre d’Ukraine en février 2022.
La Russie a déploré à plusieurs reprises que l’Occident n’ait pas respecté ses obligations en ce qui concerne ses exportations de céréales. Moscou soutient que les restrictions en matière de paiement, de logistique et d’assurance ont constitué un obstacle à ses exportations.
La Türkiye estime que l’accord doit être repris en remédiant aux manquements. Ankara soutient qu’il n’existe pas d’alternative puisque les autres propositions n’ont pas réussi à offrir un modèle « durable, sûr et viable ».
« Nous déployons des efforts intenses pour mettre fin à la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui a coûté des centaines de milliers de vies. Nous avons entrepris de nombreuses démarches diplomatiques, depuis le processus d’Istanbul, qui a réuni les parties autour d’une même table, jusqu’aux échanges de prisonniers et à l’initiative de la mer Noire, a déclaré Erdogan.
Dans le cadre de l’accord sur les céréales de la mer Noire, 33 millions de tonnes de céréales ont été livrées sur les marchés internationaux. Grâce à cette initiative, nous avons évité que la crise alimentaire ne s’aggrave davantage. »
La Türkiye réunira bientôt le groupe de travail sur la sécurité alimentaire afin de contribuer à la sécurité alimentaire mondiale.
« Nous sommes d’avis qu’il faut éviter toute mesure susceptible de troubler la paix en mer Noire et d’aggraver la tension dans la région », a précisé le président turc.
« L’autodafé du Coran sous le regard de la police est une provocation évidente, un crime de haine. Personne ne peut s’attendre à ce que nous restions silencieux, a-t-il dit.
Grâce aux propositions et aux efforts de notre pays, l’attaque contre les livres saints a été condamnée dans la déclaration du G20. »
– Séisme au Maroc
Recep Tayyip Erdogan a indiqué que la Türkiye était prête à aider le Maroc touché par le tremblement de terre « avec tous les moyens » disponibles.
« En tant que pays ayant vécu des séismes il y a 6 mois, la Türkiye est prête à aider les frères marocains avec tous nos moyens », a-t-il dit.
Au moins 2 012 personnes sont décédées et 2 059 ont été blessées dans le tremblement de terre qui a frappé le Maroc vendredi.
Le séisme de magnitude 7 a fait des victimes dans plusieurs régions, notamment à El-Houz, Taroudant, Chichaoua, Tiznit, Marrakech, Azilal, Agadir, Casablanca et Youssoufia.
Les institutions et organisations turques ont préparé une équipe de secours et de sauvetage composée de 265 personnes qui sera envoyée au Maroc pour aider les victimes du tremblement de terre.
11 provinces du sud de la Türkiye avaient été frappées, le 6 février dernier, par deux tremblements de terre, entraînant des dégâts et des destructions considérables. Les travaux de reconstruction se poursuivent toutefois à un rythme soutenu.
– Discussion Erdogan-Biden
Recep Tayyip Erdogan a également indiqué avoir discuté des avions de combat F-16 lors d’une brève conversation avec son homologue américain Joe Biden en marge du sommet des dirigeants du G-20.
« Nous avons eu une rencontre avec le président Biden. Nous avons notamment discuté de la question des F-16, a-t-il dit.
Malheureusement, nos amis ne cessent d’évoquer la Suède lorsqu’il s’agit de la question des F-16. Une telle approche nous contrarie sérieusement. »
L’adhésion éventuelle de la Suède à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) est laissée à l’appréciation du parlement turc, a réaffirmé le président turc.
« Je ne suis pas en mesure de décider seul. La décision doit être adoptée par le parlement. La Suède doit remplir ses obligations », a-t-il souligné.
Selon la Türkiye, la candidature de la Suède à l’Otan et l’achat par la Türkiye de F-16 aux États-Unis ne sont pas liés l’un à l’autre.
La Türkiye a fait une demande d’avions de combat F-16 et de kits de modernisation en octobre 2021. L’accord, d’une valeur de 6 milliards de dollars, comprendrait la vente de 40 avions ainsi que des kits de modernisation pour 79 avions de combat faisant déjà partie de l’inventaire de l’armée de l’air turque. Le département d’État a informellement notifié le Congrès de cette vente potentielle.
Toutefois, les principaux législateurs du Congrès se sont engagés à rejeter l’accord en raison de plusieurs exigences, notamment la subordination de l’achat à l’approbation par Ankara de la demande d’adhésion de la Suède à l’Otan.
Selon Ankara, ces avions renforceront non seulement la Türkiye, mais aussi l’Otan.
– La question du Karabakh
Recep Tayyip Erdogan pourrait avoir un entretien téléphonique avec le Premier ministre arménien, Nikol Pashinyan, lundi, pour discuter des derniers développements dans la région.
« Les mesures prises au Karabakh ne sont pas appropriées, il n’est pas possible de les accepter. En fait, les États membres de l’UE ne l’acceptent pas non plus », a-t-il déclaré.
Erdogan a eu un entretien téléphonique avec son homologue azerbaïdjanais Ilham Aliyev au sujet de la question du Karabakh.
« Lors de ma rencontre avec Charles Michel [président du Conseil européen], ce dernier a également affirmé que l’UE ne jugeait pas ces mesures acceptables. Lors de ma discussion avec Pashinyan, je dirai que nous ne reconnaîtrons pas ces élections illégales. Aucun pays occidental ne les reconnaît », a ajouté Erdogan.
Samedi, la Türkiye a condamné les prétendues élections organisées « sous le contrôle des forces arméniennes illégales » dans les territoires de la région azerbaïdjanaise du Karabakh.