Comme l’ancien régime se voit accusé de « détournements massifs », le général Brice Oligui Nguema ,a annoncé mercredi une commission d’enquête sur les marchés publics pour traquer les « fraudes ».
« Le président de la transition (…) a décidé ce jour de réactiver la task force de contrôle de la dette intérieure et extérieure afin d’effectuer la vérification de l’ensemble des marchés publics. Cette task force reprendra tous les actes laissés en suspens par la précédente sans raisons évidentes », ont déclaré les militaires au pouvoir dans un communiqué lu à la télévision publique.
« Le chef de l’État invite les sociétés adjudicataires des marchés publics et toutes les entités administratives concernées à se rapprocher de la Commission dès réception de leur convocation », concluent-ils.
Le pays « nécessite une évaluation minutieuse et rigoureuse des marchés publics afin de détecter toute irrégularité ou fraude potentielle », lisait-on quelques minutes plus tard sur le compte du général Oligui sur le réseau social X (ex-Twitter).
Proclamé président de transition au lendemain du putsch du 30 août, il avait immédiatement sommé les patrons pratiquant la « surfacturation » contre des rétrocommissions versées aux hauts responsables du pouvoir déchu de « stopper ces manœuvres » dans les passations de marchés publics, dans un discours menaçant devant 200 à 300 chefs d’entreprises gabonaises « convoqués » à la présidence.
Quelques jours plus tard, il tançait publiquement des centaines de hauts fonctionnaires et cadres du secteur public: « Venez de vous-même restituer les fonds détournés sous 48 heures, sinon nous viendrons vous chercher et vous verrez la différence ».
Le jour même du coup d’Etat, les militaires avaient arrêté l’un des fils du chef de l’Etat déchu, Noureddin Bongo Valentin, ainsi que six autres jeunes hauts responsables du cabinet de l’ex-président et de son épouse Sylvia Bongo Valentin. Les perquisitions à leurs domiciles, retransmises abondamment par la télévision d’État, les montraient aux pieds de malles, de valises et de sacs débordants de liasses de billets de banque.
Mme Bongo Valentin est en résidence surveillée à Libreville « pour sa protection » selon la présidence, « détenue arbitrairement » selon ses avocats. Noureddin Bongo et les six autres ex-membres de la « jeune garde » sont emprisonnés et accusés notamment de « haute trahison, détournements massifs des deniers publics ».
Ali Bongo, lui, d’abord en résidence surveillée à Libreville pendant quelques jours après le putsch, est « libre de ses mouvements » et de « se rendre à l’étranger », avait annoncé le général Oligui le 6 septembre.
Le Gabon est souvent dénoncé pour l’ampleur de la corruption qui s’y pratique. Le pays est classé 136e sur 180 pour la perception de la corruption par Transparency International (2022).
Mercredi, le général Brice Oligui Nguema a présidé la prestation de serment des membres de la Cour Constitutionnelle, du Vice-Président et des membres du gouvernement de la Transition.
La veille, le nouveau dirigeant gabonais a désigné les responsables des deux chambres du futur Parlement de transition.
La présidente du Sénat de transition Mme Paulette Missambo a été l’une des principales figures de l’opposition à Ali Bongo pour la présidentielle de 2023, présidente du parti Union nationale (UN), selon un décret du général Oligui lu à la télévision publique.
Le président de l’Assemblée nationale de transition est Jean-François Ndongou, plusieurs fois ministre d’Ali Bongo, au pouvoir depuis 14 ans, et de son père Omar Bongo Ondimba, qui dirigea le Gabon pendant 41 ans.
La désignation des 70 membres de l’Assemblée Nationale et 50 membres du Sénat serait imminente