L’inquiétude est à son comble dimanche concernant plusieurs hôpitaux de Gaza soumis à des coupures d’électricité et à des « attaques » au moment où les combats entre forces israéliennes et palestiniennes font rage, Médecins sans frontières (MSF) redoutant que ces établissements ne se transforment en « morgues » en l’absence de cessez-le-feu.
Le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, s’est d’ailleurs alarmé tôt dimanche d’avoir « perdu le contact » avec ses interlocuteurs au sein de l’hôpital Al Shifa de Gaza-ville, le plus grand de l’enclave, objet d' »attaques répétées ».
« L’OMS est gravement préoccupée par la sécurité du personnel de santé, des centaines de patients malades et blessés, y compris des bébés sous assistance respiratoire, et des personnes déplacées qui restent à l’intérieur de l’hôpital », a-t-il dit sur X, réitérant son appel en faveur d’un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza.
Le porte-parole du ministère de la Santé de Gaza a déclaré que les activités du complexe hospitalier d’Al Shifa, le plus grand de l’enclave palestinienne, avaient été suspendues samedi à la suite d’une panne de carburant ayant entraîné la mort de deux des 45 bébés qui s’y trouvaient.
D’après le bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), 20 des 36 hôpitaux de la bande de Gaza sont « hors service » du fait de la guerre.
Samedi, l’ONG israélienne Physician for Human Rights-Israel avait rapporté que « deux bébés prématurés (étaient) morts » dans cet hôpital après l’arrêt des soins néonataux intensifs faute d’électricité. Les bébés « sont morts parce que leur incubateur ne fonctionnait plus, il n’y avait plus d’électricité », a témoigné le Dr Mohammed Obeid, chirurgien de MSF au service néonatal, dans un message diffusé par l’ONG sur X.
« Bain de sang »
Dans un communiqué diffusé dans la nuit, le directeur d’Al Shifa, Mohammed Abou Salmiya a indiqué que celui-ci était « totalement encerclé » par les forces israéliennes et que des bombardements « se poursuivent dans ses environs ».
« L’équipe médicale ne peut travailler et les corps, par dizaines, ne peuvent être gérés ou enterrés », a-t-il ajouté.
« Si nous n’agissons pas maintenant, si nous n’arrêtons pas immédiatement ce bain de sang avec un cessez-le-feu ou au minimum une évacuation médicale des patients, ces hôpitaux deviendront bel et bien une morgue », a jugé MSF tôt dimanche.
L’ONG a fait état ces derniers jours de « bombardements incessants » sur les hôpitaux de Gaza-ville.
Dans la bande de Gaza de quelque 360 km2, les bombardements israéliens ont fait 11.078 morts, majoritairement des civils, parmi lesquels 4.506 enfants, selon le ministère de la Santé dans l’enclave, dont le dernier bilan remonte à vendredi.
À Gaza, près de 200.000 Palestiniens ont fui en trois jours le nord de l’enclave via des « corridors » ouverts quotidiennement pendant des « pauses » humanitaires, pour se réfugier au sud, moins ciblé, selon un décompte de l’armée israélienne communiqué samedi soir.
Le poste-frontière de Rafah, contrôlé par l’Egypte, doit rouvrir dimanche pour laisser passer des blessés, des étrangers et des binationaux, selon les autorités locales.
Pilonnée sans relâche depuis plus d’un mois, l’enclave où plus de 1,5 des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés selon l’ONU, est plongée dans une situation humanitaire catastrophique.
Un siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre prive la population d’eau, d’électricité, de nourriture et de médicaments.