En parallèle, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a évoqué dimanche dans un entretien à la chaîne américaine NBC l’éventualité d’un accord pour libérer certains des quelque 240 otages pris par le mouvement Hamas qui contrôle la bande de Gaza.
« Moins je m’exprime sur le sujet, plus j’augmente les chances que cela se matérialise », a déclaré M. Netanyahu, sans épiloguer sur les tractations pour la libération des otages, peu avant le 38e jour de la guerre.
Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens incessants ont tué depuis le 7 octobre 11.180 personnes, majoritairement des civils, incluant 4.609 enfants, selon le ministère de la santé de Gaza.
Les combats se concentrent au cœur de la ville de Gaza, dans le nord de l’enclave, notamment autour de certains hôpitaux soupçonnés par l’armée israélienne d’abriter des infrastructures stratégiques du Hamas.
L’enclave palestinienne, où plus de 1,5 des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés selon l’ONU, est soumise à un siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre, privant la population d’eau, d’électricité, de nourriture et de médicaments.
Passage compliqué
Près de 200.000 Palestiniens ont fui en trois jours le nord de l’enclave via des « corridors » ouverts quotidiennement pendant des « pauses », pour se réfugier dans le sud de la bande de Gaza, a affirmé samedi soir l’armée israélienne.
Outre Al-Shifa, la situation reste compliquée dans d’autres hôpitaux de Gaza selon Mohammed Zaqout, directeur des hôpitaux dans l’enclave: des patients « sont dans les rues sans soins » après les « évacuations forcées » de deux hôpitaux pédiatriques, Al-Nasr Al-Rantissi. Un autre hôpital de Gaza-ville, Al-Quds, a cessé de fonctionner dimanche en raison d’un manque de carburant et d’électricité, selon le Croissant-Rouge palestinien.
« L’armée israélienne nous a ordonné de sortir de l’hôpital Al-Quds ce matin », a raconté dimanche à l’AFP Islam Chamallah, après avoir fait une douzaine de kilomètres à pied avec sa fille dans les bras, son mari et leurs trois autres enfants qui avancent avec peine.
L’armée israélienne avait indiqué avoir « sécurisé » des passages pour évacuer les civils de certains établissements de santé dont le site de l’hôpital al-Chifa où vivent 15.000 personnes selon le bureau de la coordination de l’aide humanitaire de l’ONU.
L’armée israélienne a indiqué à l’AFP qu’un « corridor humanitaire » pour quitter l’hôpital vers le sud était toujours « en place ». Mais « les chars (israéliens) assiègent complètement l’hôpital Al-Shifa », a dit à l’AFP le vice-ministre de la Santé du Hamas, Youssef Abou Rich, soulignant que « 650 patients, une quarantaine d’enfants en couveuse, tous menacés de mort » se trouvent dans cet hôpital. Le Hamas a annoncé dimanche soir que « cinq bébés prématurés » et « sept patients en soins intensifs » étaient morts en raison du manque d’électricité à l’hôpital Al-Shifa.
Et ceux qui ont pu se rendre dans le sud de l’enclave ont vu ce dernier ciblé par les frappes israéliennes. A Bani Souheila, près de Khan Younès, un bombardement sur une dizaine de maisons a fait « 10 morts, dont des femmes et des enfants », selon les services médicaux.
« Je n’ai même pas une galette de pain pour nourrir mes enfants », explique à l’AFP une femme de 42 ans, Oum Yaaqoub, arrivée à Khan Younès il y a trois jours avec son mari et ses sept enfants.
« Retenue maximale »
Dans un message sur X, le patron de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a qualifié la situation à l’hôpital Al-Shifa de « grave et dangereuse » après « trois jours sans électricité, sans eau ».
« Les échanges de tirs et les bombardements incessants dans les environs aggravent des circonstances déjà difficiles », a dit Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Le monde ne peut rester silencieux quand les hôpitaux, qui devraient être des havres de paix, sont transformés en scènes de mort, de dévastation, de désespoir. Cessez-le-feu maintenant », a-t-il ajouté.
Principal allié d’Israël, qui dément viser délibérément les sites civils, Washington a dit s’opposer aux combats dans les hôpitaux à Gaza, « où des personnes innocentes, des patients recevant des soins médicaux, sont pris dans des tirs croisés ».
Condamnant dimanche « l’utilisation par le Hamas d’hôpitaux et de civils comme boucliers humains », l’Union européenne a appelé Israël à une « retenue maximale » pour protéger les civils et à l’heure d’une crainte d’une régionalisation du conflit.
Les drapeaux de l’ONU en berne en mémoire du personnel tué à Gaza
Les drapeaux ont été mis en berne sur les bâtiments de l’ONU à travers l’Asie lundi, et le personnel appelé à observer une minute de silence en mémoire de leurs collègues tués dans la guerre d’Israël contre Gaza.
Le drapeau bleu et blanc des Nations unies a été baissé à 9:30 heure locale à Bangkok, Tokyo et Pékin, au lendemain de l’annonce par l’ ONU « d’un nombre important de morts et de blessés » dans le « bombardement » du siège du programme onusien pour le développement (PNUD) à Gaza.
L’Unrwa avait annoncé vendredi que plus de 100 de ses employés étaient morts dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre.