La guerre qu’Israël mène contre le peuple palestinien à Gaza, trouve aussi son prolongement dans la destruction de l’agriculture en général et des oliviers en particulier. La disparition méthodique de ces arbres, riches de leur symbole et de leur valeur économique pour les Palestiniens notamment, semble hanter Israël qui pratique, ainsi, ce qui ressemble fort à une stratégie délibérée de la « terre brûlée » contre cette plante.

”Depuis des décennies, l’une des nombreuses dimensions du projet colonial israélien est la destruction de l’agriculture et de la pêche palestinienne”, s’indigne l’ONG environnementale de droit espagnol Grain.

L’olivier est aussi un marqueur de l’identité culturelle palestinienne…
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Il ne se passe pas une semaine sans que les journalistes palestiniens ne relaient des informations sur les destructions des plantations d’oliviers par l’armée israélienne. D’abord confiné en Cisjordanie occupée, le phénomène s’est rapidement étendu et amplifié à Gaza.

“ L’année dernière (2022, NDLR), la saison a été abondante et la production dans la bande de Gaza a atteint 36 000 tonnes. Sans la guerre, cette saison aurait produit 10 000 tonnes d’olives, soit l’équivalent de 2 000 tonnes d’huile d’olive”, explique Fayyad Fayyad, directeur du Conseil oléicole palestinien.

Au-delà d’être une source de revenu grâce à l’extraction de l’huile, l’olivier est aussi un marqueur de l’identité culturelle palestinienne.

La cueillette des olives est communautaire: elle se fait en général dans une ambiance festive, en famille ou entre amis et voisins, au milieu des chants folkloriques et des repas cuisinés et dégustés sous les arbres.

À Gaza, explique l’autorité palestinienne, l’armée à déraciné 70% des arbres de la municipalité de Gaza, avec des dommages particuliers sur les oliviers.

“ La pulvérisation régulière des herbicides comme le glyphosate sur les terres agricoles de Gaza”, complète cet arsenal de destruction, explique l’ONG Grain sur son site internet.

Rien qu’en janvier 2020, ces pulvérisations ont endommagé 281 hectares de cultures palestiniennes, affectant 350 exploitants et causant une perte de plus d’un million de dollars, déplore par ailleurs l’ONG Euromedrights.

L’inondation des terres agricoles de Gaza avec de l’eau de mer, prétendûment pour “détruire les tunnels utilisés par le Hamas”, les rend impropres à l’agriculture pour longtemps.

Des soldats israeliens ne sont jamais loin des des cultivateurs d’oliviers palestiniens.
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“La destruction systématique du secteur agricole en Palestine s’est ainsi installée depuis la Nakba en 1948, et permet aux Israéliens d’effacer ce qui constitue en grande partie l’identité des Palestiniens : leurs champs, leurs oliviers et leurs paysages”, explique Omar Shakir directeur Israël-Palestine de l’ONG Human Rights Watch cité par Le Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris (CAREP Paris).

En plus de se livrer au génocide des populations et à l’amputation d’une partie de leur patrimoine culturel, Israël utilise la destruction des oliveraies de Gaza pour précipiter le départ des gazaouis de leurs terres, dans le prolongement de la Nakba de 1948, explique Omar Shakir.

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