C’est le premier déplacement du nouveau ministre de l’Outre-mer et sans doute pas le plus facile. François-Noël Buffet va passer trois jours du mercredi 16 au samedi 19 octobre dans l’archipel pour essayer de panser les plaies créées par la réforme du corps électoral et des émeutes qui ont suivi.
Michel Barnier, le Premier ministre a, dans son allocution de politique générale, déclaré vouloir “retrouver le chemin de l’apaisement » et négocier un accord global notamment sur le corps électoral. Est-ce que Buffet, l’ancien sénateur qui avait écrit un rapport sur la Nouvelle-Calédonie, va réussir à relancer un dialogue ? C’est tout l’enjeu de cette visite.
Apaiser le territoire calédonien
Dans une interview au média Outremers360, François-Noël Buffet est arrivé en Nouvelle-Calédonie ce mercredi. Il y reste trois jours décrivait ainsi sa ligne: “Face aux défis sécuritaires, économiques et sociaux, l’État demeure un partenaire constant, déterminé à accompagner la Nouvelle-Calédonie dans cette phase délicate. (…) Il faut avancer et reconstruire ce territoire auquel nous sommes très attachés ! ”
Deux dossiers majeurs attendent le ministre : la santé économique et l’avenir institutionnel de l’archipel.
Si la France assure en Nouvelle-Calédonie avant tout les fonctions régaliennes de maintien de l’ordre public, elle va aussi soutenir la reconstruction. Depuis les émeutes, Paris a alloué 400 millions d’euros à la Nouvelle-Calédonie.
Ce mercredi, François-Noël Buffet est arrivé en Nouvelle-Calédonie ce mercredi. Il y reste trois jours et s’est aussi engagé à financer à 100% la reconstruction, des écoles brûlées et à 70% les bâtiments publics. Face aux maires de Calédonie, le ministre s’est évertué à rassurer. Les communes ont subi la plupart de dégâts, soit sur leurs bâtiments, soit par la perte d’entreprises qui sont fermées ou ont été détruites, soit parce que le gouvernement calédonien ne peut plus financer leur budget de fonctionnement.
Demain jeudi sera présenté un Plan de sauvegarde, de refondation et de reconstruction. Vital pour une île au bord du gouffre alors que l’économie locale est en pleine crise.
L’industrie du tourisme pâtit des émeutes. L’industrie du nickel n’est plus que l’ombre d’elle-même. La SNL (Société Le Nickel) a annoncé il y a quelques jours la fermeture de ses trois sites de Thio, l’un des épicentres de la contestation kanak, à cause des dégradations liées aux émeutes. La mine d’extraction est mise en sommeil. Outre la destruction par un incendie du convoyeur qui permet de charger les minéraliers, des laboratoires, des bureaux et des maisons d’employés ont été brûlées.
Les élections provinciales repoussées à 2025
Le ministre est également venu expliquer deux décisions prises par le nouveau gouvernement français qui a enterré la réforme du corps électoral version Darmanin et repoussé les élections provinciales à 2025.
“Cette décision vise à obtenir un consensus politique et social pour rétablir durablement la paix publique, tout en ouvrant un nouveau cycle de négociations politiques et institutionnelles.” explique le ministre dans une interview.
Car c’est bien tout l’enjeu de ces trois jours, relancer un dialogue politique en Nouvelle-Calédonie et rafistoler un vivre ensemble mis à mal par les émeutes de mai. S’opposent aujourd’hui plus que jamais ceux qui estiment que la Calédonie est française, que les dés sont jetés après trois référendums comme le prévoyaient les accords de Nouméa.
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De l’autre côté, les indépendantistes rejettent le troisième référendum qui a eu lieu en pleine crise du Covid et veulent avancer vers l’indépendance.
Mais chaque camp a durci le ton après les émeutes et certains ne se parlent plus. La loyaliste Sonia Backès, présidente de la province Sud a lancé le 14 juillet que la seule solution était “l’appartheid” entre les deux communautés, le vivre ensemble est révolu selon elle.
Le FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste ) a élu lors de son dernier congrès Christian Tein, président de la CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain) et emprisonné en France. Défenseur d’une ligne politique dure, il est accusé d’avoir été un des instigateurs des émeutes en Nouvelle-Calédonie.