Loïk Le Priol, 30 ans, et Romain Bouvier, 33 ans, déjà condamnés pour des violences, sont accusés d’avoir « volontairement donné la mort à Federico Martin Aramburu (…) en tirant contre lui plusieurs projectiles avec une arme à feu, dans des zones vitales et de dos (…) avec préméditation », a précisé le parquet.
Ils comparaîtront devant la cour d’assises de Paris, et seront également jugés pour violence aggravée en réunion et avec arme, à l’encontre de l’ancien joueur de rugby français Shaun Hegarty, qui accompagnait la victime ce soir-là, et pour détention d’arme.
Deux autres personnes seront jugées à leurs côtés : Lyson R., la compagne de Loïk Le Priol présente lors des faits et accusée de complicité d’assassinat et un homme de 35 ans suspecté d’avoir aidé Romain Bouvier dans sa fuite après les faits, a ajouté le parquet.
« Les juges n’ont retenu aucune circonstance raciste ou politique », ont souligné les avocats de M. Le Priol, Mes Xavier Nogueras et Pierre-Henri Baert, dénonçant des violations du secret de l’instruction qui ont, selon eux, « nourri une présentation totalement fantasmée de cette affaire ».
Ils ont annoncé faire appel de l’ordonnance, leur client estimant « s’être défendu d’une violente agression, laquelle n’est pas contestée en procédure ».
« Les qualifications d’assassinat et de complicité d’assassinat retenues par le parquet et désormais les juges d’instruction correspondent à la terrible réalité des faits et en est l’exacte traduction juridique », a réagi Me Yann Le Bras, qui défend la famille de l’ancien international de rugby.
« Atmosphère de chasse à l’homme »
Au matin du 19 mars 2022, Federico Martin Aramburu, 42 ans, était en compagnie de Shaun Hegarty, dans un bar situé boulevard Saint-Germain, dans le 6e arrondissement de Paris.
Ils devaient se rendre le soir au Stade de France pour le match France-Angleterre du Tournoi des Six nations. Après une altercation avec Loïk Le Priol et Romain Bouvier, les deux hommes avaient quitté l’établissement à pied.
Selon l’enquête, ils ont été rejoints par les deux Français qui ont tous deux tiré sur l’ex-Puma dans deux scènes distinctes, le blessant mortellement.
Les juges d’instruction ont suivi les réquisitions du parquet qui estimait que « les deux scènes de tirs de Romain Bouvier et de Loïk Le Priol (s’inscrivaient) en réalité dans une seule scène unique de violences, qui est la mise en œuvre du projet prémédité ».
« La notion de tension et l’atmosphère de +chasse à l’homme+ n’étaient pas le produit d’un tapage médiatique comme le présentent les inculpés, mais ressortent du récit de plusieurs témoins (…) alors que les rugbymen paraissent être +passés à autre chose+ », selon le parquet.
Loïk Le Priol, ex-commando marine et membre du mouvement d’ultradroite Groupe union défense (GUD), dissous en juin, avait été arrêté quelques jours plus tard en Hongrie alors qu’il s’apprêtait à se rendre en Ukraine.
Au cours de la procédure, Loïk Le Priol a affirmé avoir agi en état de légitime défense. Romain Bouvier, premier tireur, a écarté toute intention de tuer et évoqué « des tirs dissuasifs vers le sol », selon le parquet.
Federico Martin Aramburu, ancien centre ou ailier de Biarritz (2004-2006), Perpignan (2006-2008) ou Dax (2008-2010), comptait 22 sélections avec l’Argentine. Depuis sa retraite sportive, il vivait à Biarritz dans le sud-ouest de la France et travaillait pour une entreprise de tourisme.
Sa mort a suscité un fort émoi dans le monde du rugby, notamment en France et en Argentine.