C’est un véritable cri du cœur. Le Festival International de Baalbeck, symbole de la culture et de l’art au Liban, lance un appel pressant aux chefs de missions diplomatiques, aux organisations internationales et aux spécialistes du patrimoine. Cette initiative vise à attirer l’attention sur les attaques répétées d’Israël qui menacent la ville historique de Baalbeck et son site archéologique, classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1984.
Alors que la population de Baalbeck, estimée à près de 80 000 habitants, est soumise à des bombardements et risque chaque jour leur vie, la ville antique, qui abrite des vestiges phéniciens, romains et arabes, est en grand danger. Les agressions israéliennes mettent en péril un héritage millénaire.
Dans un communiqué, le comité exécutif et l’assemblée du Festival International de Baalbeck ( qui fêtera ses 75 ans l’année prochaine) dénoncent les récentes attaques à proximité de l’acropole, l’un des temples romains les mieux préservés au monde. Ces agressions ont causé des dommages directs à des monuments historiques, notamment à la Caserne Gouraud. Les explosions et la fumée qui en résultent affectent également les pierres anciennes, provoquant des fissures dans des structures déjà fragilisées, indique le communiqué.
Le communiqué rappelle que ces actes représentent une violation flagrante des lois internationales, y compris la Convention du patrimoine mondial de 1972 et la Convention de La Haye de 1954, qui protègent le patrimoine culturel en temps de conflit.
“Un patrimoine qui appartient à tous”
Nayla de Freige, présidente du Festival International de Baalbeck, a exprimé son inquiétude face à la destruction potentielle de cet héritage culturel au cours d’une interview avec France 24. “Ce patrimoine n’appartient pas qu’aux Libanais, il appartient à nous tous, à nos petits-enfants. Cela devrait concerner chaque personne,” insiste-t-elle. “On ne peut pas détruire tout un pays, tout un patrimoine comme ça”.
Baalbeck n’est pas seulement un trésor archéologique ; c’est aussi un lieu où se mêlent cultures et traditions. Le communiqué souligne que chaque année, le festival accueille des artistes internationaux de renom et a contribué à faire naître les nuits folkloriques libanaises. “Avec le soutien de la communauté locale, nous avons œuvré pour que ce site demeure un lieu de diversité, où les valeurs d’ouverture, de coopération et de joie s’expriment à travers l’art et son langage universel”.
Lynn Tehini, journaliste franco-libanaise et figure influente de la communauté artistique libanaise, a également lancé un appel sur les réseaux sociaux au président français Emmanuel Macron. Elle souligne que “la France des Lumières, championne de la préservation du patrimoine, doit se tenir aux côtés du Liban pour préserver Baalbeck, témoin de plus de 11 000 ans d’histoire”. Elle met en garde : “Le souffle des explosions met en danger les vestiges du temple. Il est vital de préserver la mémoire de l’humanité en protégeant ce site unique au monde”.
Le festival de Baalbeck conclut son communiqué en affirmant que Baalbeck mérite l’attention du monde entier, afin que la “Cité du Soleil” ne sombre pas dans l’obscurité.