Marc Ferracci, le ministre délégué chargé de l’Industrie est sceptique, Samedi sur France Inter, il déclarait s’attendre à d’autres licenciements « dans des filières qui sont dans des situations préoccupantes ». « La chimie, la filière automobile, en particulier les équipementiers, sont des filières soumises à une très forte concurrence internationale », notamment chinoise et américaine, a souligné le ministre Marc Ferracci.
La semaine écoulée a en effet été rude pour l’industrie française. Michelin annonce la fermeture des sites de Cholet et Vannes d’ici 2026 qui emploient 1254 personnes. Le bilan semestriel de l’industrie française est en demi-teinte.
Selon le baromètre de la Direction générale des entreprises (DGE), la France a enregistré 59 fermetures d’usines pour 51 ouvertures depuis janvier 2024. Mais elle connaît un solde positif de 36 sites en intégrant les extensions significatives.
Emmanuel Macron a promis de réindustrialiser la France depuis son arrivée au pouvoir, mais la crise énergétique et le Covid sont passés par là.
Pourquoi ces licenciements ?
Les économistes expliquent l’accélération de ces mauvaises nouvelles par deux éléments. Le coût de l’énergie est beaucoup plus élevé en Europe. En effet, le gaz est cinq fois plus cher qu’aux Etats-Unis et l’électricité deux fois plus chère.
Les normes environnementales alourdissent, elles aussi, les coûts de production comme l’obligation de traçabilité ou la décarbonation. Michelin explique ainsi que s’assurer de la provenance de son caoutchouc, lui coûte 150 à 200 millions d’euros en plus.
Ainsi la chimie française, qui est très sensible aux coûts de l’énergie et de l’électricité, a lancé une alerte mi-octobre : elle a perdu 15 000 emplois en trois ans sur un total de 200.000 salariés.
Un millier de suppressions d’emplois ont eu lieu chez Solvay, Syensqo, Weylchem Lamotte, qui s’ajoutent aux 670 prévues par le groupe pétrochimique ExxonMobil à Port-Jérome en Normandie.
La faillite de Vencorex, sur la plateforme chimique de Pont-de-Claix (Isère) pourrait, par ricochet, détruire cinq mille emplois selon la CGT.
Autre filière où le malaise est grandissant, la filière automobile : les ventes sont en baisse. Elles n’ont pas réussi à retrouver leur niveau d’avant Covid et la concurrence chinoise sur le marché de la voiture électrique est féroce.
L’automobile européenne en panne moteur
Marc Ferracci a suggéré une « approche de soutien à l’industrie automobile européenne », une sorte de bonus écologique au niveau européen alors que la France vient de le supprimer de son budget 2025.
La France demanderait donc à l’Union européenne de faire le job : “Vous avez des fournisseurs en Allemagne pour des constructeurs qui sont en France, et vous avez des fournisseurs qui sont en France pour des constructeurs qui sont en Allemagne. La protection commerciale vis-à-vis des véhicules chinois doit se concevoir au niveau européen », justifie le ministre.
La crise de l’industrie automobile est effectivement européenne. Il y a quelques jours, la firme Volkswagen annonçait vouloir fermer, pour la première fois, des sites en Allemagne.
Ferracci, le “ministre des licenciements”
Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT tacle le nouveau ministre chargé de l’Industrie, en le surnommant “le ministre des licenciements”. Elle déplore l’inaction de Marc Ferracci, estimant que sa priorité semble être l’indemnisation des salariés plutôt que la défense de l’emploi.
Le syndicat estime que plus de 150 000 emplois vont disparaître ”par un effet domino” parmi les sous-traitants qui dépendent de ces grandes entreprises.
D’après la CGT, l’industrie paie le tribut de la stratégie suivie depuis de nombreuses années, celle d’augmenter les marges sans travailler à conserver les emplois. Dans le cas de Michelin, le groupe “ferme les sites pour financer le coût du capital”, après des “records de versement de dividendes”, selon Sophie Binet.
Auchan, la chaîne familiale de supermarchés a, pour sa part, annoncé, la semaine dernière, un plan social qui comprend 2 389 suppressions d’emplois et la fermeture d’une dizaine de magasins. Le groupe connaît des difficultés depuis plusieurs années.