AA / Tunis / Majdi Ismail
La Cour des comptes, juridiction financière de l’ordre administratif en France, s’est déclarée vendredi préoccupée « par le redressement des finances publiques », qui selon l’institution, « doit être une priorité nationale ».
Les Sages de la rue Cambon ont exhorté, en ce sens, le gouvernement à engager un « redressement résolu » des finances publiques et à sortir « définitivement » de la logique du « quoi qu’il en coûte ».
C’est ce qui ressort des déclarations du premier président de l’institution, Pierre Moscovici, lors de la présentation du rapport annuel 2023 de la Cour des comptes, à la presse.
Dans son rapport public annuel de 572 pages, remis au président Emmanuel Macron avant sa présentation devant la presse ce vendredi 10 mars au matin, la Cour des comptes a tiré la sonnette d’alarme, pointant une croissance au ralentit, une dette qui culmine à 111% du PIB, des dépenses publiques qui continuent de croitre, sans compter les milliards d’euros dépensés pour aider les ménages et les entreprises à affronter la crise sanitaire, la guerre en Ukraine et l’envolée des prix de l’énergie.
Selon l’institution, 37,5 milliards d’euros ont été dépensés dans le cadre de la crise sanitaire et du plan de relance en 2022, et près de 12,5 milliards en 2023. Il faut y ajouter les mesures prises pour amortir l’inflation qui ont représenté 25 milliards en 2022 et 36,3 milliards en 2023.
« Les finances publiques étaient déjà dégradées avant la pandémie de Covid-19, mais à notre sens, elles appellent maintenant des mesures urgentes », a déclaré Pierre Moscovici.
Et le président de la Cour des comptes d’ajouter « Le redressement des finances publiques doit être une priorité nationale », au risque de paralyser l’action publique.
« L’accent doit être résolument mis sur la maîtrise des dépenses », recommande Moscovici, autrement dit, « sortir définitivement du ‘’quoi qu’il en coûte’’ ».
Le principal risque à court terme pour la France est celui de creuser l’écart avec ses voisins européens, lesquels ont déjà engagé un travail pour ramener leur déficit public à 3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2025, soit deux ans avant la France dont le déficit public s’élève à 5% du PIB.
À 111 % du PIB, la dette française est supérieure de 14 points à son niveau d’avant-crise, tandis que la Grèce, par exemple, « a réduit son ratio de plus de 40 points en trois ans », a fait observer le président de l’institution.
Les Sages de la rue Cambon appellent la France à se doter rapidement d’une loi de programmation pluriannuelle des finances publiques. L’absence de cette loi fait peser un risque sur l’encaissement des fonds européens, attendus à 12,7 milliards d’euros en 2023.