AA / Gaziantep (Türkiye) / Mohamed Mestu
Deux survivants des séismes qui ont frappé le Sud de la Turkiyé ont déclaré qu’ils avaient été contraints de défénestrer leur progéniture pour la sauver de la mort.
Ils ont ajouté que la survie de leurs familles est « un véritable miracle ».
– Les murs et les escaliers se sont effondrés en premier
Le réfugié syrien, Mohamed Moussa, résidait avec sa famille dans la ville de Nurdağı, située dans la province de Gaziantep (Sud), l’une des villes les plus touchées par le tremblement de terre.
Moussa a relaté au correspondant de AA les premiers instants du séisme, à l’aube du lundi 6 février. « Lorsque la terre a tremblé, les murs de l’une des pièces se sont effondrés. Ainsi, je me suis précipité avec ma femme et mes trois enfants vers la porte », a-t-il dit.
Et Moussa de poursuivre : « Quand nous avons ouvert la porte, les escaliers de l’immeuble ont commencé à s’effondrer et il ne nous restait plus que la fenêtre ».
« Pendant que l’on essayait d’atteindre la fenêtre, la maison vacillait, et l’un des enfants a glissé dans la direction opposée, mais mon épouse a réussi à saisir son chapeau attaché à sa chemise pour le tirer vers la fenêtre », a encore dit Moussa.
Il a ajouté : « Quand nous sommes arrivés à la fenêtre, le sol était à environ 3 mètres, même si nous étions au deuxième étage; le bâtiment s’étant affaissé ».
Moussa a relevé qu’il avait jeté ses trois enfants vers le sol (jardin de l’immeuble) avant de sauter avec sa femme par la fenêtre.
« Les immeubles se penchaient vers nous et nous sommes chanceux de les voir s’éloigner et qu’ils ne nous aient pas tombé directement dessus et c’est ainsi que nous avons été sauvés », a-t-il encore noté.
« Tous les bâtiments limitrophes et adjacents à notre immeuble ont été détruits, y compris là où vivent mes parents », a-t-il souligné.
« Mes parents ont péri sous les décombres avec mon frère et ma sœur, son mari et ses quatre filles sont morts dans l’effondrement d’un autre immeuble adjacent », a-t-il conclu.
– Nous nous sommes sauvés par la fenêtre de mon voisin
Abdallah Youssef Al-Oubeid, un autre réfugié syrien de Nurdağı, a déclaré à AA : « Lorsque le tremblement de terre s’est produit, ma femme était éveillée. Elle m’a réveillé immédiatement et j’ai couru vers la chambre de mes quatre enfants pour les tirer vers le couloir ».
« La chambre où dormaient les enfants s’est effondrée ensuite immédiatement, puis j’ai ouvert la porte pour atteindre les escaliers qui étaient déjà effondrés. Nous ne pouvions donc plus ni reculer ni avancer et j’étais convaincu que nous mourrions inéluctablement. Alors nous avons prononcé la profession de foi » (musulmane), a-t-il raconté.
Abdallah a ajouté : « A ce moment, j’ai remarqué qu’il existait un étroit couloir qui tenait encore, et par le biais duquel il était possible de marcher jusqu’à la maison de mon voisin, en face de notre maison au troisième étage ».
« Nous sommes allés là-bas et heureusement mon voisin a ouvert la porte, alors nous nous sommes tous précipités à sa fenêtre », a-t-il expliqué.
Et Abdallah de poursuivre : « Au niveau de la fenêtre, qui était à trois mètres du sol, je me suis d’abord défenestré, alors ils ont commencé par jeter les sept enfants (les quatre miens et trois du voisin) que j’attrapais pour les mettre de côté, puis ma femme, mon voisin et son épouse sont descendus et nous avons survécu ».
Ce qui leur était arrivé était « un miracle à peine croyable. Mon voisin avait également perdu tout espoir de survie et a capitulé face à la mort avant que je ne frappe à la porte et qu’il se dirige rapidement vers la fenêtre », a-t-il conclu.
Le 6 février, deux séismes de magnitude, respectivement 7,7 et 7,6, ont frappé, à quelques heures d’intervalle, le sud de la Türkiye et le nord de la Syrie. Ce double tremblement de terre a été suivi de plusieurs centaines de violentes répliques.
Le bilan des séismes s’élève à des dizaines de milliers de victimes et à de nombreux blessés et déplacés dans les deux pays.