La tournée du souverain britannique, symbole d’amitié après des années de disputes entre Londres et Paris, arrive alors que la France est plongée depuis des semaines dans la contestation contre la réforme des retraites.
« Il y aura des initiatives autour de cette visite » royale, a déclaré à l’AFP une source au syndicat CGT chez les cheminots, confirmant que la visite du roi était « dans le viseur » des manifestants.
Le gouvernement britannique a déclaré qu’il n’était pas prévu de modifier la visite d’État du roi Charles III en France la semaine prochaine, malgré les troubles sociaux qui secouent le pays.
« Nous n’avons certainement pas l’intention de dicter ce genre de choses à Sa Majesté. C’est à eux de décider », a déclaré à la presse le porte-parole du Premier ministre Rishi Sunak.
Le roi Charles et la reine consort, Camilla, arriveront dans un Paris où s’accumulent des dizaines de milliers de tonnes de déchets, en raison de la grève des éboueurs opposés à la réforme.
Et à Bordeaux (sud-ouest), deuxième étape du périple, la visite en tram prévue pour le couple royal apparaît compromise.
« Il est quasiment certain que le roi ne pourra pas prendre le tramway » en raison des avertissements d’interruption de service, a déclaré Pascal Mesgueni, du syndicat CFTC (chrétien) au journal Sud-Ouest.
Il y aura « possiblement des perturbations sur le réseau », a confirmé un porte-parole de l’entreprise de transport.
En revanche, le Mobilier national, établissement public dépendant du ministère de la Culture, a affirmé jeudi que le tapis rouge serait bien déroulé lors de cette visite, malgré l’appel de grévistes de la CGT à n’assurer « ni les ameublements, ni les tapis rouges, ni les pavoisements ».
« Le Mobilier national a la charge de dérouler ce fameux tapis rouge et des agents non grévistes, qui représentent une immense majorité de nos effectifs, s’en chargeront », a déclaré à l’AFP son directeur de la communication, Loïc Turpin.
Après deux mois de contestation massive, l’intervention télévisée mercredi du président Emmanuel Macron, qui a de nouveau assumé sa réforme des retraites, n’a pas calmé la colère. Une nouvelle journée d’action est prévue jeudi, mais l’incertitude sur la mobilisation règne sur les jours à venir.
« Monarque républicain »
Selon l’ordre du jour préliminaire partagé par Buckingham Palace, le roi Charles devrait rejoindre Macron pour une cérémonie de commémoration et de dépôt de gerbes à l’Arc de Triomphe à Paris lundi, et s’adresser également aux sénateurs français.
Il devrait ensuite se rendre dans un vignoble biologique à Bordeaux, ainsi que visiter la région dévastée par des incendies de forêt l’été dernier.
Le banquet d’Etat prévu lundi soir à Versailles, symbole de la monarchie française, ne passe pas non plus inaperçu.
La députée écologiste Sandrine Rousseau s’est indignée du fait que le « monarque républicain” , comme elle qualifie Emmanuel Macron, accueillera le roi Charles III alors que « le peuple dans la rue est en train de manifester ».
« Qu’il annule cette visite de Charles III ! », a-t-elle réclamé mercredi. « Là il se passe quelque chose dans la société française (…) La priorité, c’est de discuter avec cette société qui se soulève », a-t-elle ajouté.
Emmanuel Macron « est assurément plus à l’aise avec les monarques qu’avec les élus du peuple auxquels il dénie le droit de voter sur sa réforme des retraites », a lancé Ian Brossat, porte-parole du Parti communiste, après l’adoption au forceps de ce texte.
A l’extrême gauche, le porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) Olivier Besancenot a résumé, hilare: Charles III, « on va l’accueillir avec une bonne vieille grève générale ! ».