Le 4 janvier, le nouveau ministre de la Justice, Yariv Levin, annonce un projet de réforme de la justice visant à renforcer le pouvoir des élus sur celui des magistrats. Cette initiative comprend une clause « dérogatoire » permettant au Parlement d’annuler, à la majorité simple, une décision rendue par la Cour suprême.
Cette annonce survient alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à la tête d’un gouvernement considéré comme l’un des plus à droite de l’histoire d’Israël, est jugé pour corruption dans plusieurs affaires.
Le chef de l’opposition Yaïr Lapid dénonce alors cette réforme qu’il qualifie de menace pour le système juridique israélien.
Début d’une crise sociale
Trois jours après l’annonce de ce projet, des milliers d’Israéliens descendent dans les rues de Tel-Aviv pour protester contre cette réforme. Dans la foulée, la présidente de la Cour suprême, Esther Hayut, qualifie le projet d' »attaque débridée » contre la justice, et des dizaines de milliers de personnes se rassemblent cette fois à Tel-Aviv pour manifester contre la politique menée par la coalition au pouvoir.
Plus tard, l’ancien Premier ministre Yaïr Lapid se joint aux 100.000 manifestants (selon les estimations des médias) rassemblés dans le centre-ville. Ces manifestations deviennent aujourd’hui hebdomadaires et s’étendent à plusieurs autres grandes villes, telles que Jérusalem ou Haïfa dans le nord du pays.
Le Parlement donne un premier feu vert
Le 21 février, le Parlement vote en faveur de deux dispositions clés de la réforme lors de sa première lecture. Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, appelle Israël à « suspendre les modifications législatives proposées ».
Début mars, des affrontements éclatent entre la police et les manifestants à Tel-Aviv. Le président israélien Isaac Herzog appelle le 9 mars à mettre fin au processus législatif concernant le projet de réforme, le qualifiant de « menace pour les fondements de la démocratie ».
Par la suite, les manifestations rassemblent selon les médias plus de 100.000 personnes à Tel-Aviv et atteignent des records à Haïfa et Beersheva (sud) avec respectivement 50.000 et 10.000 manifestants.
Le 14 mars, le Parlement adopte en première lecture la clause dérogatoire, qui est la disposition la plus contestée du projet.
Appels internationaux au compromis Le 15 mars, Isaac Herzog met en garde contre un risque de « guerre civile » et propose un projet de compromis, rejeté par le gouvernement.
Devant la situation qui prend une tournure plus importante, le chancelier allemand Olaf Scholz dit suivre « avec une grande inquiétude » les débats, alors que le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, affirme que « la meilleure voie à suivre est de parvenir à un consensus ». Deux jours plus tard, le président américain Joe Biden appelle son homologue israélien à trouver un « compromis ».
Le 23 mars, Benjamin Netanyahu s’engage à « mettre fin à la division au sein du peuple » tout en affirmant sa détermination à faire avancer la réforme, mais la justice juge son intervention « illégale » étant donné ses procès en cours.
Ministre limogé
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Galant, a appelé vendredi à une pause de 30 jours dans le processus législatif de la réforme. Le lendemain, il est limogé par Netanyahu. Cette décision a conduit à des manifestations massives, émaillées d’affrontements avec la police pendant la nuit, à Tel-Aviv. .
Face à cette situation, les États-Unis ont exprimé leur profonde préoccupation et ont appelé une nouvelle fois à un compromis. Le président israélien, Isaac Herzog, a également demandé au gouvernement de cesser immédiatement le travail législatif sur le projet.
En signe de protestation, la plus grande centrale syndicale d’Israël a annoncé une grève générale immédiate, ce qui a entraîné la suspension des vols au départ de l’aéroport international Ben-Gourion.
Ce lundi, selon une lettre du syndicat des travailleurs consultée par Reuters, les ambassades d’Israël à travers le monde ont été ordonnées de se joindre à une grève contre le plan de réforme judiciaire. De ce fait, les activités du ministère des Affaires étrangères dans le pays et à l’étranger sont limitées aux services d’urgence.