Ces manœuvres « servent de sérieux avertissement contre la collusion entre les forces séparatistes recherchant +l’indépendance de Taïwan+ et les forces extérieures, ainsi que leurs activités provocatrices », a averti dans un communiqué un porte-parole de l’armée chinoise, Shi Yi.
Ces opérations, qui comprennent également des « patrouilles », sont « nécessaires pour sauvegarder la souveraineté et l’intégralité territoriale de la Chine », a justifié ce porte-parole.
Des exercices à tirs réels se tiendront lundi dans le détroit de Taïwan à proximité des côtes du Fujian (est), la province qui fait face à l’île, ont par ailleurs indiqué les autorités maritimes locales.
Ces exercices, qui revêtent une dimension « opérationnelle », sont destinés à démontrer que l’armée chinoise sera prête, « si les provocations s’intensifient », à « régler une fois pour toutes la question de Taïwan », a indiqué à l’AFP l’analyste militaire Song Zhongping.
Taipei a estimé que ces manœuvres menacent la « stabilité et la sécurité » dans la région Asie-Pacifique.
Sa présidente, Tsai Ing-wen, a dénoncé samedi un « expansionnisme autoritaire » de la part de la Chine et assuré que le territoire « continuerait à travailler avec les Etats-Unis et d’autres pays (…) pour défendre les valeurs de liberté et de démocratie ».
Le ministère taïwanais de la Défense a de son côté indiqué « suivre la situation » et avoir chargé l’armée de « répondre » aux activités militaires chinoises.
« Mesures fermes et énergiques »
Samedi matin à Pingtan, le point le plus proche de Taïwan au sud-est de la Chine, des touristes observaient les eaux agitées de la mer mais aucune activité militaire notable n’était visible.
Ces manœuvres font suite à la visite cette semaine de Mme Tsai aux Etats-Unis, où elle a rencontré mercredi Kevin McCarthy, le président de la Chambre des représentants. Pékin avait dans la foulée promis des « mesures fermes et énergiques » en représailles.
La Chine voit avec mécontentement le rapprochement à l’œuvre ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les Etats-Unis, qui malgré l’absence de relations officielles fournissent à l’île un soutien militaire substantiel.
La Chine considère Taïwan (23 millions d’habitants) comme l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.
Les Etats-Unis ont reconnu la République populaire de Chine en 1979 et ne doivent en théorie avoir aucun contact officiel avec la République de Chine (Taïwan), en vertu du « principe d’une seule Chine » défendu par Pékin.
Depuis jeudi, la Chine accentue la pression militaire sur Taïwan avec l’envoi de navires de guerre et d’aéronefs dans le détroit.
Elle a aussi renforcé la présence de ses garde-côtes pour des patrouilles exceptionnelles.
La localisation exacte des nouvelles manœuvres n’est pas précisée, hormis les exercices à tirs réels de lundi, qui auront lieu autour de Pingtan.
La partie la plus étroite du détroit entre les côtes chinoises et l’île fait environ 130 kilomètres de large.
« Se bercer d’illusions »
En août, Pékin avait lancé des manœuvres militaires sans précédent autour de Taïwan lorsque la démocrate Nancy Pelosi, qui a précédé M. McCarthy au perchoir, s’était rendue sur l’île.
La réponse à ce stade à la rencontre avec le numéro trois américain n’a rien de comparable avec l’été 2022.
Le ministère de la Défense taïwanais a affirmé samedi à la mi-journée avoir détecté huit navires de guerre et 42 avions de chasse chinois autour de l’île. Vingt-neuf avions ont dépassé la ligne médiane qui sépare la Chine de Taïwan, a-t-on précisé de même source.
Ces manœuvres militaires interviennent au lendemain d’une visite d’Etat en Chine d’Emmanuel Macron, au cours de laquelle la question de Taïwan a été évoquée avec le président chinois Xi Jinping.
« La conversation a été dense et franche » à ce sujet, a indiqué vendredi l’Elysée.
« Quiconque pense que la Chine va faire des compromis sur Taïwan se berce d’illusions », a de son côté assuré jeudi Xi Jinping à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, lors d’une rencontre à Pékin, selon des propos rapportés par la diplomatie chinoise.