L’archevêque de Canterbury, chef spirituel de l’Église anglicane, a lentement placé la couronne de Saint Édouard sur la tête de Charles, assis sur un trône du XIVe siècle.
À 74 ans, Charles est le monarque britannique le plus âgé à recevoir la couronne de saint Édouard, sous les yeux d’une centaine de chefs d’État et de dignitaires, dont le président français Emmanuel Macron et son épouse, Brigitte Macron.
La seconde épouse de Charles, Camilla, âgée de 75 ans, a également été couronnée reine consort.
Alors que la Grande-Bretagne s’efforce de trouver sa voie après sa sortie de l’Union européenne, la famille royale reste pour ses partisans une attraction internationale et un outil diplomatique essentiel.
« Aucun autre pays ne pourrait organiser un spectacle aussi éblouissant – les processions, l’apparat, les cérémonies et les fêtes de rue », a commenté le Premier ministre britannique Rishi Sunak.
« C’est une fière expression de notre histoire, de notre culture et de nos traditions. Une démonstration éclatante du caractère moderne de notre pays. Et un rituel précieux qui marque la naissance d’une nouvelle ère ».
Des dizaines de milliers de personnes ont commencé dès les premières heures de la matinée à se masser le long du Mall, le grand boulevard menant au palais de Buckingham.
« C’est un moment historique. Nous voulions être là pour le voir et créer des souvenirs », a déclaré Rachel Paisley, une femme au foyer de 45 ans venue de Suisse avec son mari et ses deux enfants pour l’évènement.
Ce sacre, qui a lieu en pleine crise du coût de la vie au Royaume-Uni est cependant vu avec scepticisme par une partie de la population, en particulier chez les plus jeunes, qui doutent de la pertinence de la monarchie et de son financement.
Plus de 11.000 policiers ont été déployés pour empêcher les perturbations, alors que le groupe antimonarchiste Republic a annoncé que son chef, Graham Smith, avait été arrêté avec cinq autres manifestants.
Les manifestants, vêtus de t-shirts jaunes, réclamaient un chef d’État élu, ajoutant que la famille royale n’a pas sa place dans une démocratie constitutionnelle moderne. Certains brandissaient des pancartes « Pas mon roi » ou encore « abolissez la monarchie, pas le droit de manifester ».
Durant la cérémonie, Charles III a prêté serment de gouverner avec justice et de défendre l’Église d’Angleterre, dont il est devenu le gouverneur suprême, avant de recevoir l’onction par l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, avec de l’huile sainte consacrée à Jérusalem.
Justin Welby a également invité toutes les personnes présentes dans l’abbaye et dans l’ensemble du pays à prêter serment d’allégeance à Charles – un nouvel élément du couronnement, qui remplace l’hommage traditionnellement prêté par les ducs et les pairs du royaume.
Cette décision a toutefois suscité la controverse, le groupe antimonarchiste Republic la qualifiant d’offensante, poussant l’archevêque de Canterbury à préciser qu’il s’agissait d’une invitation et non d’un ordre.
Charles et Camilla quitteront ensuite l’abbaye de Westminster dans le carrosse d’État en or de quatre tonnes construit pour George III, le dernier roi des colonies américaines de la Grande-Bretagne, pour retourner au palais de Buckingham au coeur d’un cortège d’un kilomètre composé de 4.000 militaires de 39 nations en uniformes de cérémonie.
Les membres de la famille royale feront ensuite la traditionnelle apparition sur le balcon du palais de Buckingham, avec un défilé aérien d’avions militaires.
Les célébrations se poursuivront dimanche avec des fêtes de rue dans tout le pays et un concert au château de Windsor, résidence du roi, ainsi que lundi, où des milliers d’organisations participeront à des projets de bénévolat.
Il y a cinq ans, la reine Élisabeth déclarait dans un documentaire télévisé que son couronnement marquait le véritable début de sa vie de souveraine.
« Il s’agit en quelque sorte d’un spectacle de chevalerie et d’une façon de faire à l’ancienne », avait-elle dit.