Depuis un mois, le Soudan est en proie à d’intenses combats entre l’armée et une force paramilitaire rivale. Les deux camps sont impliqués dans une lutte pour le pouvoir, 18 mois après qu’un coup d’État militaire a fait dérailler la transition du pays vers un régime civil.
Des centaines de personnes ont été tuées et près d’un million de personnes déplacées au cours de ce combat entre le chef de l’armée Abdel Fattah al-Burhan et le député devenu rival Mohamed Hamdan Daglo, qui commande les Forces de soutien rapide (FSR) paramilitaires.
15 avril : début des combats
Le 15 avril, des explosions secouent la capitale Khartoum. Les combats surviennent quelques jours après le deuxième report de la signature d’un accord final sur le retour au régime civil, en raison d’un désaccord sur l’intégration des FSR dans l’armée régulière.
Le groupe paramilitaire et l’armée s’accusent mutuellement d’avoir attaqué en premier.
Les FSR affirment contrôler l’aéroport de Khartoum, le palais présidentiel et d’autres sites clés. L’armée, qui dit avoir mené des frappes aériennes sur des bases de ses rivaux, insiste sur le fait qu’elle est toujours aux commandes.
Des combats éclatent également dans la région occidentale du Darfour – encore sous le choc d’une guerre brutale qui a commencé en 2003 – où trois employés du Programme alimentaire mondial des Nations Unies ont été tués.
Les dirigeants civils du Soudan appellent à un cessez-le-feu immédiat, tout comme l’Union africaine, les Nations Unies, les États-Unis et la Grande-Bretagne.
22 avril : Début des évacuations
Dans les jours qui suivent, les pays du monde entier se précipitent pour préparer les évacuations de leurs ressortissants et de ceux des autres pays alors que les combats s’intensifient.
Le 22 avril, l’Arabie saoudite devient le premier pays à annoncer l’évacuation réussie de civils depuis le Soudan, ravagé par les violences.
Des milliers d’habitants de Khartoum fuient également les combats en empruntant des routes bordées de cadavres et de véhicules militaires incendiés.
De plus, l’armée américaine évacue le personnel diplomatique américain de Khartoum. Par la suite, de nombreux pays font de même.
25 avril : Trêves violées, évasion de prison
De multiples trêves sont annoncées mais aucune n’est respectée.
Les États-Unis et l’Arabie saoudite négocient un cessez-le-feu national de 72 heures à compter du 25 avril.
Les paramilitaires et l’armée prolongent à plusieurs reprises le cessez-le-feu mais continuent d’échanger des tirs, s’accusant mutuellement de le violer.
Le même jour, Ahmed Harun, figure de proue du régime de l’homme fort renversé Omar el-Béchir, et qui est accusé de crimes contre l’humanité, annonce qu’il s’est évadé de prison avec d’autres anciens membres du régime.
Bashir, qui est recherché par la Cour pénale internationale pour génocide dans la guerre au Darfour, avait déjà été transféré à l’hôpital avant le début des combats, selon l’armée soudanaise.
La violence atteint un nouveau pic le 27 avril lorsque des avions de chasse pilonnent les positions des paramilitaires à Khartoum et que le Darfour devient le théâtre de combats et de pillages.
Le 4 mai, le président américain Joe Biden déclare que les combats “doivent cesser” et autorise de nouvelles sanctions potentielles contre les responsables de l’effusion de sang.
5 mai : 750 morts
Plus de 750 morts ont été signalés depuis le début des combats, selon le Armed Conflict Location and Event Data Project.
Le représentant spécial de l’ONU, Volker Perthes, a déclaré que des « chercheurs de fortune » armés du Mali, du Tchad et du Niger ont rejoint le combat.
6 mai : pourparlers de Djeddah
Des pourparlers soutenus par les États-Unis et l’Arabie saoudite entre l’armée et les FSR commencent dans la ville portuaire saoudienne de Djeddah, mais n’ont pas encore abouti à un cessez-le-feu, plus d’une semaine après ses débuts.
Le 11 mai, les deux parties conviennent de permettre à l’aide humanitaire d’urgence d’atteindre les zones touchées par la guerre, s’engageant “à assurer la protection des civils”.
L’ONU affirme le 12 mai que le conflit a poussé 200 000 personnes à fuir le pays, portant le nombre total de personnes déplacées à près d’un million.