AA / Tunis / Majdi Ismail
Perchée sur les hauteurs de Burdur, une ville chargée d’histoire dans la région anatolienne occidentale de la Türkiye, la cité antique de Kibyra détient un vestige de la Rome antique : une fontaine d’eau vieille de 2000 ans inscrite sur la liste indicative du patrimoine mondial de l’Unesco.
Cette structure ancienne, constituée de deux bassins et située sur la troisième terrasse de la cité des Gladiateurs, aurait été construite vers l’an 23 après J.-C. lorsque la ville fut reconstruite après un grand tremblement de terre. L’eau a coulé de cette fontaine pendant près de 700 ans.
Des travaux de restauration de neuf mois, réalisés avec le soutien du ministère turc de la Culture et du Tourisme ainsi que de la province de Burdur, ont permis à l’eau de source fraîche et potable de jaillir à nouveau de la fontaine antique.
Haut de 7,5 mètres avec un diamètre de 15 mètres, ce monument circulaire comprend également un auvent conique soutenu par des colonnes qui rappelle l’architecture représentée dans l’agora. Cette structure massive renseigne également sur la manière avec laquelle la cité antique répond à ses besoins en eau.
*Kibyra, l’antre des Gladiateurs
Située sur le versant ouest du district de Gölhisar, la ville de Kibyra est un fragment de l’histoire de l’Empire romain, en témoigne ses vestiges architecturaux qui datent tous de la période de la Rome impériale.
Signe distinctif de l’esthétique du site, chacun des monuments est conçu de manière symétrique afin que la vue des autres édifices ne soit pas obstruée. À l’entrée de la ville se trouve son stade, considéré comme l’un des plus mythiques de l’Anatolie antique. L’enceinte peut accueillir environ 10 000 personnes et aurait été l’antre d’épiques combats de gladiateurs, ce qui a valu à Kibyra son titre de « ville des Gladiateurs ».
L’odéon, avec sa mosaïque de Méduse qui orne sa section de l’orchestre, l’agora, construite autour d’une rue commerçante bordée de colonnes, ainsi que les thermes romains (bains publics de la Rome antique) et le théâtre antique, témoignent également de la splendeur des vestiges romains.
Selon les sources antiques, Kibyra était une ville renommée pour son agriculture, ses élevages, sa médecine, sa métallurgie et sa céramique. La légende raconte que la ville avait une structure cosmopolite et quatre langues distinctes. En conséquence, tout laissait à croire que la cité des gladiateurs possédait une économie et une armée résilientes.
*La fontaine antique de Kibyra : l’histoire d’une résurrection
Le professeur associé Şükrü Özüdoğru, responsable en chef des fouilles archéologiques, ainsi qu’une équipe d’archéologues, de restaurateurs et d’architectes experts, ont participé aux travaux de restauration de la fontaine antique de Kibyra.
Lors des fouilles et de la restauration du monument – avec ses deux bassins et ses 192 blocs architecturaux, dont 168 sont d’origine – il a été déterminé que la fontaine d’eau se composait de trois compartiments.
Les observations menées sur le site indiquent qu’une tour ronde s’élevait au centre de la fontaine, entourée de six colonnes. Par ailleurs, six sculptures à l’effigie de lions et de panthères étaient placées à l’endroit où l’eau jaillissait. Seules deux de ces statues ont été découvertes lors des fouilles et les deux sculptures originales sont aujourd’hui exposées au musée de Burdur.
Kibyra serait ainsi le deuxième site à abriter une fontaine antique en activité, après celui de la cité antique de Sagalassos, dans le district d’Ağlasun à Burdur, où se trouve la fontaine Antonine, vieille de 1800 ans.
Ces dernières années, de nombreux artefacts historiques ont été découverts et transférés dans les musées turcs. En 2022, 713 activités archéologiques ont permis de mettre au jour environ 10 500 artefacts en Türkiye, pays classé au premier rang mondial en termes de nombre de fouilles archéologiques.