AA / Istanbul / Muhammed Enes Calli
Si la Suède n’adopte pas une position tranchée contre le terrorisme, il est peu probable que la Türkiye donne le feu vert à son adhésion à l’OTAN, a déclaré, lundi, le directeur de la communication de la présidence turque.
« Le soutien et la tolérance accordés à l’autodafé du Coran sous le couvert de la liberté d’expression, ainsi que la montée de l’islamophobie et de la xénophobie, ne peuvent être ignorés, selon la perspective de la Türkiye », a déclaré Fahrettin Altun, dans un message vidéo adressé au panel de discussion organisé par la direction de la communication de la présidence turque, sous le thème « Les contributions de la Türkiye à la sécurité transatlantique et à la transformation de l’OTAN ».
Ce débat a eu lieu à Vilnius, en Lituanie, en amont du sommet de l’OTAN qui se tiendra mardi.
Le mois dernier, une personne identifiée comme Salwan Momika a brûlé un exemplaire du Coran sous la protection de la police devant une mosquée de Stockholm, en Suède.
Sa provocation coïncidait avec l’Aïd al-Adha, l’une des principales fêtes religieuses islamiques célébrées par les musulmans du monde entier.
« Malheureusement, si la Suède ne prend pas les précautions nécessaires contre ces provocations et n’adopte pas une position tranchée contre le terrorisme, il semble peu probable que l’adhésion à l’OTAN soit approuvée par la Türkiye », a-t-il ajouté.
« En effet, lorsque la Finlande et la Suède ont posé leur candidature à l’adhésion, nous leur avons clairement fait part de nos préoccupations et de nos attentes, de même que nous avons fait part de nos attentes à nos autres alliés », a déclaré Altun.
« La Türkiye, la Finlande et la Suède ont signé un mémorandum trilatéral lors du sommet de l’OTAN qui s’est tenu à Madrid l’année dernière. Dans le cadre du mécanisme conjoint permanent établi en vertu de cet accord, la lutte contre le terrorisme est de la plus haute importance », a-t-il ajouté, expliquant que la Finlande a pris des mesures sérieuses pour remplir ses engagements, dans le cadre du mémorandum trilatéral et a ouvert la voie à son adhésion à l’OTAN.
« La Suède ne semble cependant pas suffisamment résolue à remplir les conditions du mémorandum et à prendre ses distances par rapport au terrorisme », a déclaré Altun.
La Finlande et la Suède ont demandé à adhérer à l’OTAN peu après que la Russie a lancé sa guerre contre l’Ukraine en février 2022.
La Türkiye attend des membres de l’alliance qu’ils la soutiennent dans sa lutte contre le terrorisme, a déclaré le directeur de la communication de la présidence turque.
Il a ajouté que l’OTAN demeurait un espace important de coopération et de solidarité pour tous les alliés, malgré les changements historiques survenus depuis sa création.
« Aujourd’hui, les actions de l’OTAN en faveur de la stabilité et de la prospérité, qui font partie de ses objectifs fondateurs, devraient être orientées vers la coopération et la solidarité internationales », a-t-il estimé.
Et de poursuivre : « Le développement de la capacité de l’OTAN à faire face aux crises mondiales actuelles, aux incertitudes et aux problèmes potentiels futurs, ainsi que la définition de l’avenir de l’alliance, font partie des questions prioritaires ».
Altun a souligné que l’OTAN a joué un rôle important dans la garantie de la sécurité de la Türkiye, qui s’est acquittée de ses responsabilités dans la poursuite de la paix mondiale, de la tranquillité et des objectifs de sécurité de l’alliance et ce, avec l’ensemble de ses capacités militaires, son histoire et ses relations culturelles, depuis qu’elle a adhéré à l’alliance en 1952.
« Compte tenu de tous ces facteurs, on s’attend à une transformation de l’OTAN, qui pourra fonctionner avec davantage d’instruments en termes de coopération et de solidarité internationales (…) La Türkiye collabore avec l’OTAN pour réaliser une telle transformation », a déclaré le directeur de la communication.
** La sécurité et la prospérité mondiales menacées par les catastrophes naturelles
Fahrettin Altun a rappelé que la sécurité et la prospérité mondiales sont aujourd’hui menacées par divers facteurs, tels que les crises économiques, les pandémies, la famine, la crise climatique ou encore les catastrophes naturelles.
« Ces dernières années, nous avons dû consacrer une part importante de notre énergie à ces questions, compte tenu de la pandémie, des différends politiques, de la recherche de solutions militaires et du tremblement de terre qui a frappé notre pays », a-t-il ajouté.
Rappelant les deux tremblements de terre qui ont frappé le sud de la Türkiye le 6 février, le directeur de la communication de la présidence turque a assuré que le pays n’avait surmonté la catastrophe que grâce à une solidarité sans précédent entre l’État et la nation.
« Nous nous efforçons toujours de la surmonter », a-t-il déclaré, ajoutant que l’appel à l’aide international lancé par la Türkiye a suscité une large mobilisation.
« Plus de 100 pays du monde entier ont offert leur aide, et plus de 10 000 personnes provenant de plus de 70 pays ont soutenu les opérations de recherche et de sauvetage dans la région », a déclaré Altun.
« À cet égard, je tiens à exprimer une nouvelle fois ma gratitude à tous les pays amis qui n’ont pas ménagé leur soutien », a-t-il ajouté.
Les violents tremblements de terre qui ont secoué le sud de la Türkiye le 6 février ont fait plus de 50 000 morts et plus de 107 200 blessés, d’après les dernières données officielles.
Les tremblements de terre de magnitude 7,7 et 7,6 ont touché plus de 13 millions de personnes dans 11 provinces, à savoir Kahramanmaras, Adana, Adiyaman, Diyarbakir, Gaziantep, Hatay, Kilis, Malatya, Osmaniye, Elazig et Sanliurfa.