AA / Nice / Feïza Ben Mohamed
Dès le mois de juin, plusieurs députés NUPES (Nouvelle union populaire écologique et solidaire), alertaient sur les conditions de vie des Français, dont 40% ne pourront pas partir en vacances pour cette période estivale 2023.
Si ce chiffre trouve sa source dans diverses explications notamment familiales ou professionnelles, le principal facteur de blocage reste la situation financière de ces ménages privés de vacances.
À l’heure où le prix des carburants accuse une hausse exorbitante cette semaine, les Français sont nombreux à avoir dû réadapter leurs projets, face à cette inflation qui continue d’amoindrir leur budget loisir.
Anadolu est allée à leur rencontre dans le sud de la France, pour mieux comprendre leur situation et les alternatives vers lesquelles ils se tournent pour contenter petits et grands.
– Des carburants à 2 euros le litre
Si nombreux sont ceux à privilégier les voyages en voiture par pur soucis économique, lorsque l’avion devient trop coûteux en famille, l’explosion des prix des carburants ces deux dernières semaines a forcé certains ménages à réadapter leurs projets.
Avec une hausse allant jusqu’à 15 centimes par litre, le budget vacances est clairement plombé par la partie consacrée au transport.
À Nice, Sana, mère de 3 filles avec lesquelles elle s’apprête à rejoindre un camping d’Argelès-sur-mer, s’indigne de cette augmentation.
Elle estime que « les distributeurs qui font des marges toute l’année, devraient alléger leurs prix quand il y a des augmentations aussi brutales, de manière à ce que ce soit plus supportables pour les ménages ».
Son mari, mécanicien de profession, voudrait quant à lui « que l’Etat allège les taxes de manière provisoire surtout quand les prix frôlent les 2 euros par litre et deviennent un vrai frein aux vacances, et même aux déplacements essentiels ».
– L’inflation responsable de la majorité des renoncements
Alors que depuis le début de la guerre en Ukraine, l’inflation se fait ressentir partout sur les produits essentiels, les Français les plus modestes sont désormais contraints à adapter leur quotidien et pour les plus en difficulté, à renoncer complètement aux départs en vacances.
« Ça fait plusieurs années que je n’ai pas été en vacances pour des questions financières », explique Patricia, jeune retraitée de 63 ans, pour qui « les temps sont durs ».
Auprès d’Anadolu, elle précise qu’en « tant que personne seule, elle n’a personne avec qui partager les frais inhérents à un voyage » et qu’il s’agit donc d’une « dépense impossible à assumer avec une petite retraite ».
« Je compte déjà les euros chaque fin de mois, donc ça fait bien longtemps que je ne pense plus du tout aux vacances », conclut l’ancienne gardienne d’école publique.
Et les difficultés qu’elle relate ne sont pas isolées et concernent parfois des couples d’actifs.
Emily, qui travaille dans l’immobilier et vit avec son compagnon, a décidé cette année, de ne pas s’offrir de vacances.
« On a des réparations à faire sur nos véhicules respectifs donc c’est soit on part en vacances, soit on répare les voitures qui nous servent chaque jour à aller travailler et sont donc essentielles pour notre quotidien le reste de l’année », relate la jeune mère de famille pour qui « un autre choix est impensable ».
– Quelles solutions ?
Dans une tribune publiée mi-juin dans les colonnes du JDD (Journal du Dimanche), six députés de la NUPES ont esquissé plusieurs propositions visant à permettre d’assurer des vacances au plus grand nombre.
« 40 % des Français, cette année, ne partiront pas (contre 37 % l’an dernier, + 3 points). Ils sont 69 % parmi les bas revenus, 44 % des ouvriers. Et 3 millions d’enfants resteront à quai », déploraient les six élus dont François Ruffin, Benjamin Lucas ou encore Arthur Delaporte.
Plaidant pour que « le droit au départ en vacances devienne effectif », les députés réclament une baisse du tarif des transports, la gratuité du Bafa (brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur), et la généralisation du chèque vacances qui permettraient de « réduire les inégalité ».
Pour ce faire, ils se fixent un principal objectif : que « le droit au départ devienne effectif, qu’on passe de 60 % à 80 % de partants ».
Un sondage de l’institut IFOP publié dans la foulée, faisait état de 57% des Français favorables aux propositions formulées par les députés dans cette tribune du JDD et à la proposition de loi de François Ruffin, pour une « politique publique des vacances ».
En revanche, 43% des sondés estiment que « c’est une mauvaise mesure, elle va alourdir les finances publiques, déjà mises à mal par la crise sanitaire et aujourd’hui par la crise énergétique ».