Lors d’un entretien sur la chaîne américaine MSNBC, le ministre israélien des Affaires stratégiques, Ron Dermer, a nié toute intention d’Israël d’occuper à nouveau l’enclave de Gaza.
« Une fois que le Hamas ne sera plus au pouvoir et après le démantèlement de son infrastructure, Israël devra avoir une responsabilité générale de sécurité pour une période indéfinie », a-t-il déclaré.
Interrogé sur la manière dont sera organisée cette responsabilité, M. Dermer a reconnu que la question reste ouverte, insistant « qu’il ne s’agira pas d’une occupation ».
Les Etats-Unis opposés à l’idée d’une réoccupation
Les propos de cet ancien ambassadeur d’Israël aux Etats-Unis, proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu interviennent après que Washington a affirmé s’opposer à une nouvelle occupation à long terme de Gaza par Israël.
« De façon générale, nous ne soutenons pas une réoccupation de Gaza et Israël ne le soutient pas non plus », a déclaré à la presse le porte-parole du département d’Etat américain, Vedant Patel mardi.
Cette réaction fait elle-même suite aux déclarations de Benjamin Netanyahu lundi assurant vouloir qu’Israël prenne « la responsabilité générale de la sécurité » de l’enclave après la guerre.
« Nous avons des discussions actives avec nos homologues israéliens sur ce à quoi devrait ressembler la bande de Gaza après le conflit. Le président (américain Joe Biden, ndlr) maintient sa position selon laquelle une réoccupation par les forces israéliennes n’est pas la bonne chose à faire. Il y a une chose sur laquelle il n’y a absolument pas de doute: le Hamas ne peut pas faire partie de l’équation », a souligné le coordinateur du Conseil de sécurité nationale pour les communications stratégiques, John Kirby, lors d’un briefing avec la presse.
Le porte-parole du Hamas, Abdel Latif al-Qanou, a réagi sur Telegram à ces propos, affirmant que « ce que Kirby a dit sur l’avenir de Gaza après le Hamas est un fantasme. Notre peuple est en symbiose avec la résistance et lui seul décidera de son avenir ».
L’armée israélienne au coeur de Gaza
L’armée israélienne opère mercredi dans le centre de la ville de Gaza, dans le nord de l’enclave où la situation de centaines de milliers de civils toujours présents est de plus en plus désastreuse après un mois de guerre meurtrière.
« Les troupes de l’armée sont au coeur de la ville de Gaza. Elles sont arrivées par le nord et par le sud. Elles sont entrées en totale coordination avec les forces terrestres, aériennes et navales », a déclaré le ministre de la Défense Yoav Gallant.
« Il n’y aura pas de trêve humanitaire sans le retour des otages », a ajouté le ministre israélien. Plus de 240 personnes ont été enlevées, selon Israël.
« Un mois complet de carnage »
Densément peuplée, la ville de Gaza abrite en temps normal un tiers des quelque 2,3 millions d’habitants de l’enclave palestinienne. Nombre d’entre eux ont fui les bombardements intensifs menés par Israël. Mais beaucoup de civils ont trouvé refuge dans les hôpitaux et les écoles de la ville, alors que le bilan côté palestinien a dépassé les 10.000 morts, dont 40% d’enfants, selon les chiffres du ministère de la Santé de Gaza.
Face à ces lourdes pertes, en grande partie corroborées par les ONG et les agences des Nations unies présentes sur place, le commissaire aux droits de l’Homme de l’Onu a dénoncé mardi un « carnage ».
« Cela a été un mois complet de carnage, de souffrances incessantes, d’effusion de sang, de destruction, d’indignation et de désespoir », a déclaré Volker Türk à son arrivée dans la région pour une tournée qui le mènera notamment à Rafah, le point de passage entre l’Egypte et Gaza par lequel transite l’aide humanitaire.
L’armée israélienne a intensifié ses bombardements ces derniers jours en prévision d’un probable assaut terrestre dans la bande de Gaza, et des civils qui ont réussi à fuir ont dit avoir vu de nombreux chars en position de combat.
« Le voyage le plus dangereux de ma vie. Nous avons vu des chars de bout en bout. Nous avons vu des corps décomposés. Nous avons vu la mort », a écrit sur les réseaux sociaux Adam Fayez Zeyara, en légende d’un selfie le montrant sur la route qui quitte la ville de Gaza vers le Sud.
Si l’armée israélienne concentre ses opérations dans le nord de la bande de Gaza, le Sud n’est cependant pas épargné par les bombardements, qui ont fait 23 morts mardi près de Khan Younès et Rafah, selon les services médicaux.
Côté palestinien, plus de 10.300 personnes, en majorité des civils, dont 4.237 enfants, ont péri à Gaza depuis le 7 octobre, selon le bilan mardi du ministère de la Santé du Hamas alors qu’au moins 1.500 personnes sont mortes côté Israël.
Selon le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), citant les chiffres du ministère de la santé du Hamas, 192 personnels de santé ont été tués depuis le début de la guerre.