Alors qu’il libère des détenus dans le cadre d’une trêve temporaire avec le Hamas, Israël a continué à arrêter des dizaines de Palestiniens en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est.
Au cours des quatre premiers jours de la trêve, qui a débuté vendredi, Israël a libéré 150 détenus palestiniens, dont 117 enfants et 33 femmes et en a arrêté au moins 260 Palestiniens de Jérusalem-Est et de Cisjordanie au cours de ces mêmes jours et 3.260 Palestiniens en Cisjordanie depuis le 7 octobre sans jugement ou inculpation, selon le Club des prisonniers palestiniens.
Le Hamas a quant à lui libéré 69 prisonniers, dont 51 Israéliens et 18 ressortissants d’autres pays.
Ces arrestations s’inscrivent « dans le cadre d’une campagne de raids contre les villes palestiniennes, accompagnée d’actes de violence contre les détenus et leurs familles », affirme Amani Sarahneh porte-parole le club des prisonniers palestiniens au micro d’Anadolu.
« Tant qu’il y aura une occupation, les arrestations ne cesseront pas. Les gens doivent le comprendre car il s’agit d’une politique centrale de l’occupation contre les Palestiniens et pour limiter toute forme de résistance », a-t-elle expliqué à Al Jazeera.
Sous l’occupation militaire israélienne de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, qui dure depuis 56 ans, les forces israéliennes effectuent des raids nocturnes dans les maisons palestiniennes, arrêtant 15 à 20 personnes les jours « calmes ».
Selon Sarahneh, la majorité des prisonniers libérés sont généralement de nouveau arrêtés par les forces israéliennes. « Il n’y a pas de garanties avec l’occupation. Ces personnes sont susceptibles d’être arrêtées à nouveau à tout moment. L’occupation ré-arrête toujours les personnes qui ont été libérées », a-t-elle expliqué, ajoutant que la plus grande preuve que ces personnes peuvent être arrêtées à nouveau est que la majorité des personnes détenues actuellement sont des prisonniers libérés.
Des calvaires en prison
Depuis le 7 octobre, la situation des Palestiniens détenus s’est fortement détériorée, avec de nombreux témoignages de femmes et d’enfants libérés pendant la trêve faisant état de mauvais traitements dans les prisons israéliennes.
« Chaque semaine, ils (l’armée israélienne) venaient nous battre, et ils prenaient tous nos vêtements, nos couvertures et nos matelas », a par exemple raconté Osama Nayef Osama Marmash, qui a été libéré après avoir passé cinq mois dans les prisons israéliennes.
Cet ex-prisonnier a rappelé que l’armée israélienne avait une fois aspergé d’eau les prisonniers malgré le froid, soulignant que la nourriture allouée aux prisonniers était très faible. « Ils nous donnaient deux sacs de pain par jour, et nous étions huit personnes ».
Walaa Tanji, une des détenues palestiniennes libérées dans le cadre de l’accord entre Hamas et Israël, a témoigné de la souffrance endurée par les Palestiniens dans les prisons israéliennes. Elle explique notamment que les prisonnières palestiniennes « souffraient de faim, de soif, de coups et d’humiliations dans les prisons israéliennes, surtout après le 7 octobre dernier ». »L’administration pénitentiaire a procédé à une fouille à nu des prisonnières et la majorité d’entre elles ont été menacées de viol » a-t-elle déploré.
La trêve négociée avec la médiation notamment du Qatar intervient après 51 jours de bombardements israéliens ininterrompus sur la bande de Gaza assiégée, qui ont débuté le 7 octobre, jour où le Hamas a mené une attaque sur le territoire israélien.
Alors que du côté israélien, on a fait état d’un bilan de 1. 200 morts, on déplore le décès de plus de 15.000 Palestiniens dans la bande de Gaza, dont une majorité de femmes et d’enfants. Lundi, la trêve initiale de quatre jours a été prolongée de deux jours, au cours desquels 60 Palestiniens supplémentaires et 20 captifs devraient être libérés.