Amira Zaiter, jeune infirmière niçoise est poursuivie pour “apologie du terrorisme, apologie de crimes contre l’humanité et incitation à la haine”.
Les réquisitions de la procureure sont sévères. Outre 30 mois de prison dont 18 avec sursis, la magistrate demande également une peine d’inéligibilité de 10 ans, la confiscation des objets de scellés (ordinateur, clés USB et téléphone) et une obligation de publier sur le réseau social X son éventuelle condamnation.
Placée en détention depuis le 19 septembre, Amira Zaiter a exprimé ses regrets et s’est expliquée pendant plusieurs heures sur les messages qu’elle a publiés sur le réseau X au sujet de Gaza. Il y a un an, Amira Zaiter a créé l’association Nice-Gaza et avait, dans ce cadre, organisé des dizaines de manifestations pour un cessez-le-feu à Gaza. Elle a expliqué avoir écrit les propos qui lui sont reprochés sous le coup de l’émotion face au génocide qui a lieu à Gaza.
La procureure mais aussi les avocats du CRIF (conseil représentatif des instituons juives), de la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme ), d’Ilan Choucroun (soldat niçois engagé dans les rangs de l’armée israélienne), et de l’OJE (organisation juive européenne) ont posé maintes questions. Cette procédure fait suite aux plaintes déposées par ces organisations qui se sont portées parties civiles mais également à un signalement effectué par le Préfet des Alpes-Maritimes.
“Le moteur c’est le génocide en cours, parce qu’il y a un génocide à Gaza et l’émotion. Je ne vise que le sionisme” a-t-elle déclaré. (…) J’aurais voulu un hommage commun aux victimes civiles du 7 octobre et aux victimes palestiniennes à Nice mais seul un hommage aux victimes israéliennes a été organisé. C’est dommage. On a besoin de paix, d’apaisement. Même sur la façade de la mairie de Nice, le drapeau israélien est accroché. On aurait pu mettre aussi le drapeau palestinien”.
En effet, le maire de Nice, Christian Estrosi s’est rangé clairement derrière Israël, en suspendant des drapeaux israéliens sur la façade de l’hôtel de ville. Il avait alors déclaré : ”Tant qu’Israël n’aura pas gagné cette guerre, le drapeau israélien flottera sur le fronton de notre mairie”.
L’association créée par l’accusée a d’ailleurs porté plainte en janvier 2024 contre la présence de huit drapeaux étrangers sur un bâtiment de la République française. La justice n’a pas encore statué sur la question.
“Je ne suis pas antisémite”
Amira Zaiter a été arrêtée, placée en garde à vue puis en détention provisoire le 19 septembre dernier pour ses publications en ligne. La militante a été particulièrement interrogée sur ses messages de soutien aux chefs du Hamas, Ismaël Haniyeh et Yahia Sinwar.
Si elle a reconnu des formulations maladroites, Amira Zaiter a répété qu’elle n’était pas antisémite, mais antisioniste.
Au moment de prendre la parole, l’avocat niçois d’Amira Zaiter a réclamé la relaxe de sa cliente en faisant la démonstration que la majorité de son propos relève du débat public.
En conclusion, Maître Guez Guez a exhorté le tribunal à relaxer la jeune femme, justifiant en outre de la faible portée des publications de son compte X, qui ne compte que 500 abonnés.
Le ministère public a, de bout en bout, souligné que les tweets de la jeune femme méritaient d’être sanctionnés. Ce dernier considère en effet que le fait, pour Amira Zaiter, d’avoir publié un message de “condoléance” après le décès d’Ismaïl Haniyeh, relève de la “glorification d’actes de terrorisme” et justifie donc sa condamnation en matière d’apologie du terrorisme.
La décision du tribunal correctionnel de Nice sera rendue le 4 novembre.