Il dénonce les bombardements israéliens au Liban, mais reste plus silencieux lorsqu’il s’agit des frappes massives à Gaza au nom de la légitime défense: le deux poids deux mesures d’Emmanuel Macron provoque malaise et critiques internes, notamment au sein des agences publiques françaises.

Le président français semble davantage s’inquiéter de voir Israël ignorer les résolutions de l’ONU lorsqu’il s’agit du Liban. « On parle beaucoup de guerre de civilisation (..) Je ne suis pas sûr qu’on défende une civilisation en semant soi-même la barbarie », a-t-il lâché, en référence au discours de Benjamin Netanyahu, qui affirme défendre la civilisation judéo-chrétienne dans le combat israélien à Gaza ou au Liban.

En ce qui concerne les attaques incessantes à Gaza, le ton de Macron et de son gouvernement n’est plus le même. Un an après le déclenchement de la guerre génocidaire à Gaza, la France a même rappelé qu’elle était « indéfectiblement attachée » à la sécurité d’Israël. « La France pleure aux côtés d’Israël”, avait déclaré le ministre des Affaires étrangères français Jean-Noël Barrot lors d’une commémoration du 7 octobre.

Pourtant, le gouvernement israélien est accusé de génocide contre la population palestinienne, à la suite d’une plainte de l’Afrique du Sud auprès de la Cour internationale de Justice (CIJ), et Netanyahu est visé par un mandat d’arret émis par la Cour pénale internationale (CPI). Mais ces décisions n’ont pas suffi à Macron pour prendre des mesures fermes contre l’État israélien.

Si la France a dénoncé plusieurs fois une “violation manifeste du droit international” par Israël après les tirs contre les soldats de la Finul, il n’y a eu que peu de condamnations au sujet des destructions d’écoles, d’hôpitaux à Gaza, ou de morts de civils qui ont toujours été excusées au nom du droit d’Israël à se défendre.

Soutien inconditionnel à Israël

Dès les attaques du 7 octobre commises par le Hamas, Macron a été l’un des premiers chefs d’État à se rendre en Israël pour témoigner de sa “pleine solidarité” avec le pays. Cette position de deux poids deux mesures avait suscité de vives critiques, notamment de la part d’Amnesty France, qui a rappelé que le président devait également condamner les attaques “indiscriminées” et les “crimes de guerre” des forces israéliennes contre les civils à Gaza.

Lors d’une interview à la BBC le 10 novembre 2023, Macron s’est armé de courage pour prendre une position plus critique envers Israël en dénonçant les bombardements visant les civils à Gaza, marquant un changement dans sa diplomatie. Il a notamment dit que les frappes tuant des bébés et des personnes âgées n’étaient pas justifiées. Cependant, après des remarques de Netanyahu qualifiant ses propos d' »erreur morale », Macron a immédiatement ajusté son discours, affirmant son soutien à Israël et son droit de se défendre contre le Hamas.

Malaises et critiques

Le soutien de la France à Israël lors de la guerre génocidaire à Gaza a suscité des critiques internes au sein des agences publiques de développement, Expertise France (EF) et l’Agence française de développement (AFD), selon des informations révélées par le quotidien Le Monde.

Dans une lettre interne, 110 employés d’EF appellent à suspendre la coopération avec les institutions israéliennes et demandent une position française plus ferme contre la riposte militaire jugée disproportionnée. À Beyrouth, des employés de l’AFD dénoncent un traitement diplomatique de « deux poids, deux mesures » de la part de la France.

La politique de soutien inconditionnel apporté à Israël avait déjà dérangé plusieurs diplomates français qui avaient exprimé leur inquiétude face à cette position dans une note en novembre 2023.

La politique de Macron, marquée par un soutien inconditionnel à Israël et un abandon apparent de la cause palestinienne, a affaibli la diplomatie française au Moyen-Orient. Elle place désormais la France dans une position délicate, prise entre son alignement avec Israël et son engagement historique envers le Liban.

TRT Francais