L’incident survenu cette semaine en Palestine, plus précisément à Jérusalem-est occupée, lorsque la police israélienne est entrée sans autorisation sur un site appartenant à la France et a brutalement interpellé deux gendarmes français, n’est pas un cas isolé.
Il s’inscrit dans une tradition d’incidents diplomatiques vieille de 28 ans mettant aux prises Israël et la France.
En effet, ce 22 octobre 1996, en visite à Jérusalem, le service de sécurité israélien empêche Jacques Chirac d’aller au contact des Palestiniens. Sur via Dolorosa, la voie qu’aurait empruntée le Christ avec sa croix selon la tradition chrétienne, le président français s’emporte: “Qu’est-ce qu’il y a encore comme problème ? Je commence à en avoir assez !“. S’adressant en anglais au chef de la police, il déclare :
“Que voulez-vous ? Que je retourne à mon avion et que je rentre en France ? C’est ce que vous voulez ? Laissez-les aller, laissez-les faire. Ce n’est pas une méthode. C’est une provocation. Ceci est une provocation. Arrêtez maintenant s’il vous plaît.”
Par la suite, Jacques Chirac refusera d’entrer dans l’église Sainte-Anne, parce que des soldats israéliens y avaient pris place. .“Je ne veux pas de gens armés en territoire français… J’attendrai “, insiste alors le président français.
Les excuses de Netanyahu, déjà Premier-ministre en 1996, vont clore l’incident diplomatique.
Macron contrarié
28 ans plus tard, c’est presque le même scénario qui se reproduit avec cette fois Emmanuel Macron comme acteur principal et Benjamin Netanyahu, encore Premier-ministre.
Réalisant que des policiers israéliens bloquaient l’entrée de l’église Sainte-Anne, le président s’est emporté, s’exprimant en anglais.
“Sortez je vous prie, personne n’a à provoquer personne, c’est compris ?”, a-t-il crié. “ S’il vous plaît, respectez les règles établies depuis des siècles, elles ne changeront pas avec moi, je peux vous le dire, a-t-il insisté. C’est la France ici, et tout le monde connaît la règle.” Au bout de cette espèce de bras de fer, les policiers ont libéré le passage, laissant le chef de l’Etat français entrer dans l’église.
A l’issue de sa visite dans l’église, Emmanuel Macron a tenu à relativiser l’incident. « Il y a eu un moment d’énervement entre les équipes de sécurité, et il me revenait d’y mettre bon ordre », a-t-il souligné. « La parenthèse a été refermée », a-t-il conclu.
Toujours est-il que quatre ans plus tard, le même scénario s’est reproduit à Jérusalem. Le 7 novembre dernier, lors de la visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, la police israélienne est entrée sans autorisation sur le site de l’Eleona (appartenant à la France) et a brutalement interpellé deux gendarmes français.
« Je ne vais pas entrer (…) aujourd’hui, parce que les forces de sécurité israéliennes y sont entrées de manière armée, sans obtenir auparavant l’autorisation de la France et sans accepter d’en sortir », a déclaré le ministre français des Affaires étrangères devant la presse.
Lundi, l’ambassadeur d’Israël a été convoqué au ministère français des Affaires étrangères.